Après quelques concerts d’échauffement en début d’année, Stromae repart en tournée, avec les festivals en Europe dès cet été, ces lieux de « lâcher-prise » où rien « n’est jamais comme on avait prévu ».
« Je n’étais pas trop stressé jusqu’à cette nuit. Je me suis réveillé avec la peur d’oublier les paroles, alors qu’en fait, à chaque fois, ça se passe bien ! Je me suis dit: Tiens, voilà les premiers coups de stress », sourit le Belge, détendu, interrogé ce vendredi en visioconférence.
Le « Multitude Tour », baptisé du nom de son dernier album, commencera en France par l’Aluna Festival le 16 juin avant d’écumer le Vieux Continent cet été. Puis viendront les salles en Amérique du Nord, et en Europe à nouveau, fin 2022-début 2023 (pas de date prévue au Luxembourg pour l’instant).
L’artiste est « très heureux » de replonger « dans un rythme de tournée » avec les festivals, propices aux « lâcher-prise ». « Un concert en salle, on vient de déposer les enfants chez la baby-sitter et, demain, il faudra bosser, alors qu’un festival dure plusieurs jours. C’est la fête et le public démarre tout de suite, chauffé par trois-quatre shows avant ».
Deux passages récents à Coachella, festival californien réputé, lui ont rappelé « qu’en festival, rien n’est jamais comme on avait prévu » et que le public profite toujours du show sans voir les petits bugs techniques que l’artiste remarque.
« Prendre du plaisir »
Le « lâcher-prise », Stromae l’adopte aussi aujourd’hui pour ne pas reproduire les erreurs d’une tournée XXL achevée en 2015 en burn-out (aggravé par les effets secondaires d’un antipaludique).
« Je pense que je me suis beaucoup donné sur la tournée de Racine Carrée (précédent album), je divertissais énormément. Maintenant, je veux m’amuser, trouver un juste milieu », confie le trentenaire. Évidemment, ce perfectionniste s’est demandé si le public n’allait pas le trouver « fainéant » (rires).
Aucun risque. Dans le « Multitude Tour », qui mobilise près d’une cinquantaine de personnes, Stromae se plaît toujours à endosser plusieurs rôles pour ses chansons. Le spectateur en prend plein la vue. Un ballet de bras robotiques module ainsi l’espace scénique. Sans oublier un petit robot-chien à la vie propre. « Je ne sais pas s’il va tenir longtemps, il est déjà tombé dans la fosse, il me fait mal au cœur quand il part en cacahuète comme ça ».
« J’avais la chance d’avoir Arno »
Quand Stromae ouvre l’album-souvenirs, il repense à son premier festival aux Trans Musicales de Rennes. « J’avais la chance d’avoir Arno (chanteur belge récemment décédé, son parrain et ami dans le métier) qui avait accepté de venir reprendre avec moi une de ses chansons ». « C’était ‘couillu’ de sa part, il n’était pas obligé de venir faire les premiers concerts d’un mec qui n’avait qu’un tube, Alors on danse, et qui n’allait peut-être pas durer ».
Arno, poète des bars et des bords de mer
Sauf qu’il a duré, au point de faire le Madison Square Garden à New-York en 2015, où il reviendra pour deux dates cet hiver, luxe que peu d’artistes francophones, comme Charles Aznavour ou Céline Dion, ont pu s’offrir. « Je n’avais pas pour ambition de chanter en français dans un pays qui ne le comprenait pas, mais le succès de Alors on danse a montré qu’il n’y avait pas de barrière. Alors, pourquoi pas les USA ? », commente celui qui passera aussi par Los Angeles ou San Francisco, entre autres.
Stromae a également tapé dans l’œil et les oreilles des DJ internationaux les plus courus, à l’instar de Diplo, cerveau de l’entité Major Lazer.
Le Belge avait d’ailleurs fait une apparition sur scène aux côtés de ce dernier à Rock en Seine en 2013, festival en région parisienne. « On était un peu connectés, on a fait cette prestation, c’était super cool, mais ses danseuses sont venues faire du twerk (ondulations du postérieur) contre moi. Ce sont des pros, super à l’aise, je n’étais pas habitué, j’étais genre: « Ouais, mais bon, pas trop quand même » (rires). Stromae sera cette fois tête d’affiche à Rock en Seine fin août.