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Le doux Chocolat de Roschdy Zem


Omar Sy et James Thiérrée, duo de clowns joyeux. (Photo Gaumont)

Roschdy Zem offre avec Chocolat, son quatrième derrière la caméra, une jolie fable dans l’air du temps.

Au début du siècle dernier, un clown noir (Omar Sy) fait les beaux jours d’un cirque en compagnie d’un clown plus blanc que blanc (James Thiérrée). Mais son ego prend le dessus.

Inspiré d’une histoire vraie, celle du clown Rafael Padilla, le nouveau film de Roshdy Zem est l’occasion pour lui de traiter une nouvelle fois le thème de la différence. Comme dans ses précédentes réalisations, il choisit pour personnage principal l’intrus, celui qui a la tête du coupable idéal. Ici, c’est le clown Chocolat, arraché à l’Afrique enfant et devenu star du Paris de la Belle époque. Le déraciné découvre alors un monde qui n’est pas le sien mais dans lequel il se fond à merveille, et même un peu trop bien. Flambeur, gouailleur, drogué et alcoolique, le clown Chocolat se laisse emporter par la vague de la renommée.

Avec ce sujet, Roshdy Zem tourne la page de l’aventure indépendante de l’excellent Bodybuilder. La distribution de Chocolat est du genre à vous impressionner, entre l’indispensable Omar Sy, qui trouve peut-être ici son meilleur rôle, et les habituelles gueules du cinéma français, Olivier Gourmet, Noémie Lvovsky et même les frère Podalydés dans un savoureux caméo… Sans oublier le parfait James Thiérrée, vrai clown de cinéma, qui magnifie les scènes de cirque.

Amour des acteurs

Le tout est bien emballé, la reconstitution réussie même si trop académique. Roschdy Zem ne parle pas tant de cirque que de l’ego des uns et des autres. De celui des artistes, bien entendu, qu’il connaît si bien et qui s’illustre dans le duel entre le discret Footit, entièrement tourné vers son art, et l’excentrique Chocolat. De l’ego des agents, des producteurs et autres faiseurs de spectacles, aussi, qui oublient souvent que derrière le clown se cache un être humain et ses fêlures.

Depuis Freaks, de Tod Browning, ou Le Cirque, de Charlie Chaplin, c’est un exercice assez vain que de tenter de filmer les spectacles circassiens. Roschdy Zem préfère parler de tolérance, de dépassement des différences et de racisme, forcément. Avec doigté, sans s’appesantir, et avec un amour des acteurs qui fait plaisir à voir. La narration est prévisible, la mise en scène entendue et, pourtant, ce film respire l’espoir. C’est déjà beaucoup.

Christophe Chohin

Chocolat, de Roschdy Zem (France). Drame (1h50), avec Omar Sy, James Thiérrée, Olivier Gourmet, Clotilde Hesme…