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Le «dieu» Diego Maradona à hauteur d’homme


Le documentaire «Diego Maradona» retrace les années napolitaines (1984-1991) de la légende du football. (photo AFP)

« Rebelle. Héros. Arnaqueur. Dieu » : dans son documentaire Diego Maradona, le Britannique Asif Kapadia raconte les années napolitaines de la légende argentine du football, qui lui ont apporté ses plus grandes joies et ont fini par le broyer.

Avec ce film, présenté hors compétition au dernier Festival de Cannes, Kapadia clôt une trilogie entamée avec Senna, consacré au pilote brésilien de Formule 1 mort à 34 ans d’un accident de course, et poursuivie avec Amy qui retrace la vie de la chanteuse Amy Winehouse jusqu’à son décès à 27 ans (Oscar en 2016).

Ici encore, il tente de faire découvrir l’homme qui se cache derrière le génie. Et pour raconter Diego plus que Maradona, Kapadia a fait parler l’intéressé, mais également toute sa famille, ses proches, en tout 80 personnes. Il s’est appuyé sur quelque 500 heures d’images inédites issues des archives personnelles de l’ex-footballeur.

« On doit l’existence de beaucoup de ces images au regretté Jorge Cyterszpiler, qui fut son ami d’enfance puis son agent. Anticipant le phénomène que deviendrait Maradona, il eut l’idée d’embaucher deux vidéastes pour le filmer dans son quotidien. Il a été visionnaire », expliquait le réalisateur en mai à Cannes.

Certaines images sont impressionnantes, comme celles de sa présentation aux supporteurs napolitains en furie dans le stade San Paolo, futur théâtre de nombre de ses exploits. Ce jour-là en conférence de presse, il confie après son passage compliqué à Barcelone : « À Naples j’attends un peu plus de tranquillité ». Tout sauf prophétique…

La Camorra lui fournit cocaïne et femmes

Car dans la cité mal-aimée du sud de l’Italie, la venue de la star du ballon rond, lui-même d’origine modeste, résonne comme une première revanche vis à vis des clubs fortunés du Nord, Juventus Turin, AC Milan, Inter Milan… Entre 1984 et 1991, cette revanche sera plus glorieuse encore avec notamment deux titres de champion et une Coupe d’Europe (UEFA) glanés.

Durant ces années, tout Naples s’arrache l’idole, devenue entre-temps champion du monde avec l’Argentine en 1986. La Camorra en premier lieu qui lui fournit ses récréations, la cocaïne et les femmes. La pression est telle que Maradona veut partir, mais son président refuse.

La bascule survient au Mondial-1990, lorsque l’Italie pays hôte est éliminée par l’Argentine en demi-finale. Un match qui se jouait, ironie du sort à… Naples. Personne ne pardonna à « Diego » et lorsqu’il fut contrôlé positif à la cocaïne en 1991, il réalisa qu’il était lâché par tous. Sa  déchéance pouvait commencer.

Qu’a pensé Maradona du documentaire dont il fait l’objet? Asif Kapadia, qui court toujours après lui pour lui montrer, ne le sait toujours pas.

AFP