Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
La maire de la ville allemande de Cologne, théâtre à la Saint-Sylvestre d’une vague d’agressions sexuelles, faisait mercredi l’objet de critiques et quolibets, particulièrement sur Twitter, pour son conseil donné aux femmes de se tenir à bonne distance des inconnus.
La nuit du réveillon de la Saint-Sylvestre, sur une grande place de Cologne, au moins une centaine de femmes ont été victimes d’attouchements et d’agressions sexuelles commis par plusieurs dizaines de jeunes hommes. Le choc a entraîné un scandale qui est remonté jusqu’au sommet du gouvernement allemand.
Henriette Reker, maire sans étiquette de la métropole rhénane, a recommandé mardi aux femmes de respecter « une certaine distance, plus longue que le bras » avec les inconnus pour se protéger d’éventuels assauts.
Son conseil a déclenché une vague de commentaires sarcastiques sur Twitter, le hashtag #ArmlaengeAbstand, traduction de « distance de plus d’un bras ». L’Inspecteur Gadget avec un bras télescopique, ou les déesses hindoues aux bras multiples faisaient partie des références utilisées, et les commentaires allaient bon train.
Go-Go-Gadget! #ArmlaengeAbstand #Reker #Übergriffe pic.twitter.com/bNZqvjCo5H
— Julia Gamez Martin (@JuliaGamezMusic) 6 Janvier 2016
« Je ne me suis plus sentie autant en sécurité que depuis que je me promène les bras écartés », ironisait une internaute, tandis qu’un commentateur faisait valoir que « si les gens dans les régions en guerre savaient ça, il n’y aurait plus aucun problème ! »; « Shame on you », s’indignait encore une twittos, outrée qu’on suggère « aux femmes de changer de comportement et pas aux agresseurs ».
#koelnbhf #ArmlängeAbstand #koeln #reker pic.twitter.com/hwrKXpdrE4 — Asmodys (@Asmodys) 6 Janvier 2016
Un point de vue également exprimé par la ministre de la Famille, des Femmes et de la Jeunesse, Manuela Schwesing, qui a tweeté : « Nous n’avons pas besoin de règles de comportement pour les femmes, ce sont les auteurs des faits qui doivent rendre des comptes. »
Wir brauchen keine Verhaltensregeln für Frauen. Die Täter müssen ihr Verhalten ändern und zur Rechenschaft gezogen werden. #Köln
— Manuela Schwesig (@ManuelaSchwesig) 6 Janvier 2016
Le ministre de la Justice Heiko Maas y est lui aussi allé de son commentaire sur le réseau social : « Ce ne sont pas les femmes qui portent la responsabilité » de ces agressions, a-t-il jugé.
Von Verhaltenstipps für Frauen wie #einearmlaenge halte ich rein gar nichts. Nicht Frauen tragen Verantwortung, sondern Täter. #koelnbhf
— Heiko Maas (@HeikoMaas) 6 Janvier 2016
Henriette Reker s’est défendue mercredi, déplorant que « les compte-rendus raccourcis dans la presse aient pu donner l’impression que (ses) mesures de prévention se limitent à des recommandations aux femmes et aux jeunes filles quant à leur comportement ». Maire de Cologne depuis octobre 2015, Henriette Recker avait été poignardée la veille de son élection par un homme revendiquant des motivations racistes, mais avait maintenu sa candidature.
