Neuf ans après Casse-pas ton balai, Eugène Mpundu publie Le Colis de Kodjo. Un recueil de nouvelles, la plupart écrites dans le train Thionville-Luxembourg. Il évoque la vie des frontaliers et convoque aussi son enfance africaine.
Toute ressemblance avec des situations existantes ou ayant existé ne serait donc pas pure coïncidence… Durant toutes les années où il a fait la navette en train entre Thionville et Luxembourg, Eugène Mpundu s’est amusé à consigner dans un minuscule carnet noir des scènes de la vie quotidienne. Comme ça, juste par habitude. Parfois, il a retenu de simples petits détails ; souvent, il a été marqué par un regard, une attitude, la tenue vestimentaire d’un compagnon de voyage.
Un jour, cet ex-cadre bancaire établi avec femme et enfants à Thionville a mis tout ce petit monde en musique, ou plutôt en écriture. Le Colis de Kodjo venait de prendre forme : un peu plus de 120 pages découpées en vingt « nouvelles et récits épars » qui alternent entre fresque franco-luxembourgeoise et allers-retours en Afrique, continent qui a vu naître l’auteur il y a 58 ans, et dont il ne s’éloigne jamais vraiment. Question de racines.
Tout n’est cependant pas autobiographique. « L’écriture a quelque chose de singulier, elle donne une force particulière au récit et permet de jouer avec la réalité », s’amuse Eugène Mpundu, pour qui prendre la plume est une seconde nature. « J’ai toujours aimé écrire, c’est vrai. C’est un plaisir personnel, et en même temps une démarche de partage… ». En 2007 déjà, ce Thionvillois d’adoption avait publié un premier ouvrage, Casse-pas ton balai (L’Harmattan), en souvenir de ses premières années de travailleur immigré. Une sorte de journal intime à peine romancé qui avait pourtant remporté un très modeste succès.
Qu’à cela ne tienne, Eugène Mpundu a réitéré, un peu comme par gourmandise. Le Colis de Kodjo est sorti en version numérique il y a un an déjà et pas mal de ses anciens collègues l’ont dévoré d’un trait. « Quand on me dit : « en te lisant, j’avais l’impression que tu me parlais à l’oreille », alors je me dis que j’ai atteint mon objectif », dit-il dans un large sourire. Aujourd’hui, avec la version papier, l’auteur entend élargir le panel de ses lecteurs.
« Mon livre peut parler à tout le monde, pas seulement aux frontaliers… Il permet de divertir et de réfléchir, aussi » au déchirement d’une partie du peuple africain obligé de fuir la terre natale pour vire en sécurité ou dans de meilleures conditions matérielles. Le tout est évoqué avec beaucoup de pudeur, jamais de façon larmoyante.
C. F. (Le Républicain lorrain)
Le Colis de Kodjo, éditions Edilivre.