Le film Huit et demi de Federico Fellini montré dans la cour du Louvre, ou le dernier Mission : Impossible projeté en haut d’une falaise vertigineuse en Norvège… Fort d’initiatives dans le monde entier, le cinéma en plein air ne connaît pas la crise!
«Le monde entier demande des cinémas en plein air!», se félicite Christian Kremer, entrepreneur allemand dont la petite entreprise, Airscreen, basée à Münster, est l’un des principaux fournisseurs d’écrans à cadre gonflable pour ce genre d’évènements. Il explique ainsi en écouler «quelques centaines par an», avec des clients dans plus de 130 pays. Parmi eux, au-delà des villes qui veulent toutes organiser leur cinéma estival de plein air, on trouve de plus en plus d’hôtels de luxe ou d’îles privées, des Seychelles à la Polynésie française.
Et à chaque pays sa spécialité : «Au Royaume-Uni, les billets sont parfois combinés avec un panier pique-nique, c’est une sortie assez chic, au prix élevé», explique Christian Kremer, quand d’autres pays préfèrent les rétrospectives à découvrir assis sur une pelouse. Cet été, à Paris, un écran géant a été déployé dans l’écrin de la cour carrée du Louvre, pour «Cinéma Paradiso», un festival de plein air co-organisé par MK2 et le plus grand musée du monde. L’accès est libre sur inscription et le succès au rendez-vous : chaque soir, 2 500 chanceux sont tirés au sort parmi les 100 000 demandes de places que reçoivent les organisateurs.
Dans un grand cimetière de Brooklyn
«Dans un monde de plus en plus digital et numérique, le cinéma en plein air est une tendance importante, qui représente le désir des gens d’hybrider leurs expériences», analyse l’un des dirigeants de MK2, Elisha Karmitz. «Avec un projecteur et un écran, on recrée une place de village, dans des endroits totalement exceptionnels.» À Bologne (nord de l’Italie), c’est dans la splendeur médiévale de la Piazza Maggiore que le festival «Il Cinema Ritrovato» attire chaque année avec des œuvres restaurées, comme Thelma et Louise qui a galvanisé la foule en ouverture cette année. À Berlin, les cinémas en plein air s’installent maintenant sur des toits terrasse.
Avec un projecteur et un écran, on recrée une place de village
Ils sont également une tradition à Athènes et bien installés à New York, où une projection de deux épisodes d’une série, Good Omens, est même prévue dans le grand cimetière de Green-Wood à Brooklyn. En Seine-Saint-Denis, dans les cités et les parcs, le cinéma en plein air attire des familles qui ne vont jamais en salle et «participe à une forme de cohésion sociale, ce qui est la meilleure réponse que l’on puisse apporter» aux problématiques des quartiers populaires, relève Fabrice Chambon, directeur de la Culture d’Est Ensemble, qui regroupe plusieurs communes dont Pantin et Bobigny.
Désert, falaise et éléphants du Kenya
C’est une solution assez simple à mettre en œuvre : un écran permet de réunir 500 cinéphiles, et peut être monté par deux personnes. Les plus grands atteignent vingt mètres de haut, l’équivalent d’un immeuble de sept étages. L’imagination ne connaît pas de limite : certains écrans d’Airscreen ont pu servir à de riches familles saoudiennes pour projeter des films en plein désert, assis sur des tapis, et d’autres être utilisés au Kenya pour sensibiliser les habitants de zones reculées, sans accès au cinéma, à la vie des éléphants. Tout récemment, un écran a été installé en Norvège, sur une falaise vertigineuse de 1 200 mètres, pour projeter le nouveau Mission : Impossible sur les lieux où Tom Cruise a réalisé sa cascade la plus osée.
En France, qui veille sur un parc de salles parmi les plus denses au monde, une autorisation du Centre national du cinéma (CNC) est requise pour organiser une séance en plein air : 4 344 ont été autorisées l’an dernier, dont 9 sur 10 gratuites. Et quand le monde des salles obscures s’inquiète pour son avenir, celui des séances de plein air semble assuré : les constructeurs travaillent sur des dispositifs autonomes en énergie, chargés par l’énergie solaire dans la journée, ou des écrans de LED, lumineux, pour ne plus avoir à attendre la tombée de la nuit pour lancer le film.
Luxembourg : au tour de la place Guillaume-II de se faire un cinéma
À la suite du grand succès populaire de ces dernières années, le City Open Air Cinema, présenté par la Cinémathèque depuis dix ans, fait son retour pour une nouvelle édition de projections «al fresco», au clair de lune (dès aujourd’hui, et jusqu’au 28 juillet). Pour la toute première fois, la manifestation prend ses quartiers d’été sur l’une des plus belles places dans le cœur du centre-ville de Luxembourg, sur la place Guillaume-II. Avec son écran géant, encore plus de sièges et une atmosphère conviviale, le «Knuedler» fraîchement réaménagé se transforme en une gigantesque salle de cinéma à ciel ouvert pour une expérience cinématographique «plus grande que nature»
Ce vendredi Moonrise Kingdom (2012)
Samedi Singin’ in the Rain (1952)
Dimanche Dunkirk (2017)
Lundi Ghostbusters (1984)
Mardi To Catch a Thief (1955)
Mercredi Top Gun (1986)
Jeudi Sing-Along : Moulin Rouge! (2001)
Vendredi Modern Times (1936)
Toutes les projections débutent à 21 h 30