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Le cheval bâton, loisir décalé en plein essor


Devenu un phénomène en Finlande il y a une dizaine d’années, le cheval bâton est aujourd’hui une discipline qui compte de plus en plus d’adeptes à travers le monde. Mais les compétiteurs regrettent de ne pas toujours être pris au sérieux.

L’arène bouillonne à chaque saut d’obstacle et acclame les cavaliers, fermement agrippés aux rênes de leur cheval… bâton : la discipline est en plein essor en Finlande, malgré les moqueries dont elle fait l’objet.

Des passionnés, principalement des filles et jeunes femmes âgées de 10 à 20 ans, ont galopé, trotté, et franchi des obstacles mesurant jusqu’à 1,10 m, juchés sur des bâtons avec, au bout, une tête de cheval en peluche, lors des derniers championnats de Finlande mi-juin. La discipline du cheval bâton est née dans ce pays nordique il y a plus de dix ans, à l’initiative d’un groupe de jeunes.

Des compétitions locales et nationales sont régulièrement organisées et la pratique a même commencé à s’exporter. Cette année, le 11e championnat finlandais du cheval bâton, qui s’est tenu dans la ville de Seinäjoki (ouest), a rassemblé 1 900 spectateurs venus du monde entier pour voir concourir 260 cavaliers.

Et 21 pays étaient représentés dans la catégorie internationale, dont l’Argentine et les États-Unis. C’est la plus grande compétition jamais vue pour cette activité, se réjouit Julia Mikkonen, à la tête de l’association finlandaise de cheval bâton. Une discipline qui «se développe d’année en année».

Au premier regard, l’activité peut passer pour un passe-temps loufoque, mais les capacités athlétiques sont cruciales pour sauter par-dessus les obstacles, tout en tenant le bâton. Le physique de certains compétiteurs de haut niveau ressemble à celui de coureurs de haies ou de gymnastes.

«Quand vous sautez par-dessus des obstacles, la mobilité de vos hanches doit être absolument démente (…) Beaucoup ne le réalisent pas», expose Julia Mikkonen, 20 ans, également juge lors des championnats.

En plus de la compétition, les objets chevauchés sont exposés et récompensés en fonction de la finesse de leur décoration. «Les chevaux bâtons sont un art», lâche Nara Arlin, 24 ans, qui a toujours fabriqué le sien.

Les compétiteurs se donnent beaucoup de mal avec leurs chevaux, cousant leurs peluches avec variété, utilisant différents tissus et ponçant le bois du bâton avec soin.

Nara a fait preuve d’une mobilité et d’une vitesse impressionnantes lors du concours, galopant, sautant et courant avec agilité entre les obstacles sous les applaudissements des spectateurs. «C’est le meilleur loisir qui soit», estime la jeune femme. «Vous faites tellement de choses avec vos mains, votre cerveau et votre corps tout entier.»

Comme la plupart de ses camarades, Nara a découvert cette activité lorsqu’elle était petite. «Mais plus je grandissais, plus cela s’est transformé (en passe-temps) sérieux et depuis huit ans, c’est comme un sport pour moi», dit-elle, ajoutant que des séances de gymnastique, d’équitation et de danse à la barre complètent son entraînement au cheval bâton.

Des drapeaux arc-en-ciel ornent les murs de l’arène, reflétant les valeurs d’ouverture de la communauté. Les sports équestres sont souvent «perçus comme un sport de filles, mais ce n’est pas le cas. Tout le monde est le bienvenu», fait remarquer Julia Mikkonen.

Les valeurs prônées par la communauté des pratiquants sont très importantes pour les passionnés de cheval bâton, qui ont, pour beaucoup, essuyé des moqueries à un moment ou à un autre de leur vie. «Nous avons dû faire face à tant de harcèlement et de jugement (…) Je pense que c’est la principale chose qui nous unit», confie Nara Arlin.

Les enthousiastes rêvent de voir, un jour, des championnats du monde de cheval bâton. «Mais pour l’instant, nous nous concentrons sur le maintien des championnats nationaux ici en Finlande», tempère Julia Mikkonen.

Selon elle, il existe quelque 10 000 passionnés à travers le monde. Son association en compte 400. Car, malgré l’esprit de compétition et le niveau athlétique des participants, le «hobby horse» n’est pas considéré comme un sport officiel en Finlande.

Pas de quoi décourager les cavaliers. «Je suis encore un peu essoufflée, mais je suis contente de ma performance», lâche Jojo Hanninen, 19 ans, après son épreuve de dressage pendant laquelle elle a fait évoluer son cheval bâton avec brio.

Quand elle galope, «mes jambes sont celles du cheval, et le haut de mon corps est le mien. Je suis à la fois cheval et humain», dit-elle, montrant son dada nommé Toope, dont la crinière, agrémentée de rubans roses, scintille.

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