Le célèbre réalisateur japonais est de retour ce mercredi avec son premier film d’animation en dix ans – et probablement son dernier : The Boy and the Heron.
C’est le retour d’une légende de l’animation, après dix ans d’absence : le Japonais Hayao Miyazaki rouvre les portes de son imaginaire foisonnant avec The Boy and the Heron (Le Garçon et le Héron en français), un conte testamentaire en salles ce mercredi. La sortie d’un nouveau film du réalisateur de Mon voisin Totoro (1998), Princesse Mononoké (2000) ou encore Le Voyage de Chihiro (2001) est toujours un évènement, mais celui-ci était d’autant plus attendu que Miyazaki, réalisateur aussi révéré que secret, a déjà annoncé à plusieurs reprises qu’il prenait sa retraite.
Pourtant, à 82 ans, celui qui a contribué (à travers le studio Ghibli, qu’il a fondé) à donner ses lettres de noblesse à l’animation montre avec ce nouveau film qu’il garde son brio et ses techniques 2D à l’ancienne, à l’heure des images de synthèse triomphantes. Ce conte empreint d’onirisme et de magie, à l’intrigue très touffue et parfois sombre, est toutefois un peu moins accessible, notamment aux plus jeunes, que ses grands classiques.
Marqué par la Seconde Guerre mondiale
Dans le film, Hayao Miyazaki, né en 1941, l’année de Pearl Harbor, remonte à une période qui le hante depuis l’enfance, celle de la Seconde Guerre mondiale. Il a souvent mis en scène de jeunes héroïnes courageuses. Le héros du film est cette fois un garçonnet, Mahito, qui, dans les premiers plans, observe le feu des bombes tomber sur Tokyo et emporter sa mère. Son père l’emmène se réfugier à la campagne, chez une tante.
Le petit citadin cherche ses marques dans la grande maison où cohabitent une dizaine de vieilles femmes et qui ouvre sur un vaste jardin, que survole un imposant héron cendré. Au fond, une tour mystérieuse habitée par un vieillard. En lui ouvrant les portes, le héron va le propulser dans un monde parallèle et souterrain, peuplé d’un bestiaire à la fois fantastique et effrayant. Sur les traces du fantôme de sa mère, Mahito va en apprendre plus sur son histoire familiale.
Éléments déchaînés, animaux magiques, quêtes des origines : après son dernier film, Le Vent se lève (2013), qui évoquait le concepteur des chasseurs bombardiers japonais, le film renoue avec les fondamentaux d’Hayao Miyazaki et fait référence à de grands classiques, d’Hitchcock au Roi et l’Oiseau de Paul Grimault (1953), en passant par Le Tombeau des lucioles d’Isao Takahata (1988). Autant de modèles et d’aptitudes qui lui ont valu deux Oscars (dont celui du meilleur film d’animation pour Le Voyage de Chihiro).
La quête impossible d’un successeur
Faut-il voir dans ce film, qui a demandé plus de cinq ans de travail, un testament? Hayao Miyazaki semble livrer lui-même quelques clés, à travers un personnage de vieillard, gardien de l’équilibre d’un monde qui s’effondre, lancé dans la quête impossible d’un successeur. La question du passage de témoin passionne depuis des années les aficionados du studio Ghibli, dont l’autre cofondateur, le producteur Toshio Suzuki, est âgé de 75 ans. Le troisième père de la société, le réalisateur Isao Takahata, est décédé quant à lui en 2018 à 82 ans.
Goro Miyazaki, le fils aîné du créateur de Totoro et lui-même réalisateur de films d’animation du studio, a parfois été pressenti pour prendre le relais mais ne souhaite pas porter sur ses seules épaules la responsabilité de la succession. Côté économique, la question semble avoir été enfin réglée en septembre, avec le rachat du studio mythique par une chaîne de télévision, Nippon TV. Ce partenaire de longue date va devenir son grand actionnaire avec 42,3 % des parts. Des cadres de la chaîne vont intégrer sa direction et Hayao Miyazaki va prendre la fonction de président honoraire. Mais, artistiquement, l’héritage du maître reste un point d’interrogation.
The Boy and the Heron, de Hayao Miyazaki.