Accueil | Culture | Le cascadeur Rémy Julienne emporté par le Covid

Le cascadeur Rémy Julienne emporté par le Covid


Rémy Julienne a réalisé plus de 1 400 cascades pour le cinéma et la télévision. (archives AFP)

Le célèbre cascadeur français Rémy Julienne est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi des suites du Covid-19, à l’âge de 90 ans, selon des sources concordantes vendredi.

L’homme aux 1 400 productions, qui participa notamment à six James Bond, était en réanimation à l’hôpital de Montargis (Loiret) depuis le début du mois de janvier. « Ce qui devait arriver est arrivé, il nous a quittés en fin de soirée (jeudi). C’était prévisible, il était sous respirateur artificiel », a confié un proche. Le décès a été confirmé par le député du Loiret, Jean-Pierre Door, un ami du cascadeur devenu légendaire.

Natif de Cepoy, près de Montargis, Rémy Julienne a débuté dans le cinéma en 1964. Alors champion de France de moto-cross, il double Jean Marais sur le tournage de Fantômas. « J’étais champion de France de moto et il fallait quelqu’un de très précis » pour piloter une moto et doubler Jean Marais. « C’est tombé sur moi », racontait-il volontiers.

Sa carrière s’étalera sur une cinquantaine d’années et lui permettra de doubler notamment Yves Montand, Alain Delon, Roger Moore ou encore Sean Connery. Il apparaitra ainsi au générique de six James Bond, mais aussi des classiques du cinéma français : Le Mur de l’Atlantique (Marcel Camus), Le Solitaire (Jacques Deray), Le Cerveau, La Grande Vadrouille (Gérard Oury), L’Aventure c’est l’aventure (Claude Lelouch). Dans La Grande Vadrouille, avec Louis de Funès, le motard allemand « qui se prend une citrouille sur la figure », c’est lui.

Casse-cou

Mais son plus beau souvenir reste la rencontre avec le tandem Belmondo-Lautner. Pour ces deux-là, Julienne va mettre au point une des plus spectaculaires cascades, dans Le Guignolo : l’acteur va survoler Venise suspendu à un trapèze accroché à un hélicoptère.  Jean-Paul Belmondo, « c’est lui qui m’a accordé le plus de sa confiance », racontait-il à 87 ans, son éternelle casquette vissée sur le crâne.

« Ce qui m’intéresse, c’est amuser, mais faut être crédible » dans des « conneries qui deviennent quelque chose d’utile », disait Rémy Julienne, en citant Lautner. Parmi ses prouesses, un camion citerne roulant en équilibre sur ses roues gauche dans Permis de Tuer, avec Timothy Dalton, ou une berline qui, d’un tremplin, s’envole dans les airs avant de retomber sur le toit d’un bus, dans Dangereusement vôtre, un autre James Bond.

Crédibilité, précision, rigueur : ces mots revenaient constamment chez Julienne, dont la vie devant la caméra, ou celle de ses équipiers, était réglée au millimètre, à la seconde près.  Sinon, « c’est là-haut dans une caisse en sapin ». « Quelquefois, il aurait suffi de peu pour que ça arrive », disait cet homme marqué par la mort d’un cameraman lors d’une cascade sur le tournage du film Taxi 2 en 1999, qu’il supervisait.

Avait-il peur ? « La peur, c’est nécessaire avant et après, mais jamais pendant ». Sinon, « on ne peut pas faire le geste juste au moment juste », répondait ce « fou raisonnable », pour reprendre les mots de Claude Lelouch.

Infatigable, malgré plusieurs infarctus et cancers, il avait passé le flambeau à ses fils et petits-fils, mais continuait, à plus de 80 ans, de travailler pour des parcs à thème.

LQ/AFP