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Le Boléro de Ravel joué à distance et en parfait accord


Une véritable prouesse quasiment sans fausse note ! (capture YouTube)

Seuls mais sur le même diapason: grâce à un savant montage vidéo, les musiciens de l’Orchestre national de France ont joué le Boléro de Ravel, confinés chacun chez soi. Une prouesse musicale réalisée pratiquement sans bémol.

L’Orchestre philharmonique de Rotterdam avait tenté la même expérience avec l’Ode à la joie de Beethoven tout comme l’Orchestre symphonique de Toronto qui a joué Appalachian Spring d’Aaron Copland. Mais si ces ensembles avaient sollicité une vingtaine de musiciens, l’ONF a réussi à réunir la moitié de ses instrumentistes, soit une cinquantaine. Ils se sont filmés dans leurs cuisines ou leurs salons avec des téléphones portables jouant leur partition, avant que toutes ces séquences soient mixées dans une « vidéo mosaïque ».

Une manière d’oublier le confinement, les orchestres et les salles de concert à l’arrêt et le manque de public en temps de coronavirus. « Je n’aurais jamais imaginé synchroniser le son d’instruments qui ne se rencontrent pas », a expliqué Dimitri Scapolan, monteur de l’équipe vidéo de Radio France qui a réalisé le projet. « Quand j’ai aligné tous les sons captés par les portables sur mon logiciel, à mon grand étonnement, tout le monde était parfaitement en accord », a-t-il ajouté. « Je n’ai eu qu’à ajuster un peu les niveaux et à ajouter un peu de réverbération, ça s’est mélangé tout seul, c’était un bonheur ».

Le Boléro, l’un des morceaux de musique les plus célèbres au monde et connu par cœur par l’ONF, a été réorchestré par Didier Benetti dans une forme condensée (quatre minutes au lieu de 15) car il est normalement joué par 80 musiciens. La vidéo, mise en ligne mardi par France musique, a été visionnée depuis plus de 600 000 fois sur son site internet, sa page Facebook et sa chaîne YouTube.

Les mêmes sensations qu’en groupe

A mesure que la musique montait en crescendo, Dimitri Scapolan changeait sa « vidéo mosaïque » en y introduisant les images des différents instrumentistes. « A la fin, quand on passe à 51 musiciens, je me suis amusé à reproduire la disposition d’un orchestre », précise-t-il. « Ça met en lumière l’orchestration de Ravel et comment fonctionne cette musique ». Vers les dernières minutes de l’apothéose, un ancien enregistrement de l’ONF a été ajouté pour donner un bon rendu orchestral.

« C’est un sentiment de réunion » en temps de confinement, affirme David Rivière, violoniste à l’ONF. « C’est une réunion virtuelle certes, on est réuni dans le Cloud, mais on a les collègues en tête au moment où l’on joue ». « On sait qu’on va pouvoir apporter un sentiment de bonheur, de joie, quelque chose d’universel dans cette période particulièrement dure », a-t-il ajouté. Le violoniste a joué sa partition en écoutant dans une oreillette un enregistrement du reste de l’orchestre. Ainsi, même en jouant seul, « on retrouve les sensations qu’on a en groupe », explique-t-il.

LQ/AFP