Nosbaum Reding dévoile deux artistes qui interrogent l’art et ses dimensions : Christoph Meier et Hubert Kiecol. Au spectateur de faire appel à ses propres références pour entrer dans leur monde.
Pour sa seconde exposition monographique chez Nosbaum Reding, l’artiste allemand Hubert Kiecol investit le nouvel espace de la galerie avec ses œuvres en deux et trois dimensions. À la fois simples et complexes, le béton et le bois semblent avoir toujours été là, amenant même à se demander s’il s’agit d’un élément du bâtiment ou de l’artiste. Au pied des colonnes de bois semblent être posées des boîtes à chaussures en béton, au mur, des formes géométriques se dessinent, rappelant des plans ou les merlons des fortifications et châteaux du Moyen Âge.
Depuis plus de 30 ans, le titulaire du prestigieux prix Wolfgang-Hahn développe une recherche artistique autour de l’architecture et de la minimalisation des éléments. Ses sculptures et dessins sont sortis de leurs contextes initiaux, qu’ils soient monuments ou habitations, pour n’en sélectionner que des extraits. Dans cette volonté de simplification ou de retour à l’essence, Hubert Kiecol donne à ses œuvres un rôle d’évocations ou de souvenirs.
Chacun va en effet puiser dans ses connaissances et ses expériences pour comprendre et interpréter ces extraits de réalité. Ainsi, quand certains y verront un portail d’entrée, d’autres pourront y voir une clôture de séparation ou même une lourde séparation. En jouant également avec des matériaux pauvres, il leur donne (au béton ou au plexiglas) le statut d’œuvre d’art avec la rareté et la préciosité qui accompagne le domaine de la création.
Dans un univers tout aussi simpliste se révèle le travail de l’artiste autrichien Christoph Meier, pour la première fois à la galerie Nosbaum Reding. De 30 ans son cadet, lui aussi aime jouer avec les codes de l’art et de l’exposition en les bousculant. En pénétrant dans son travail, on découvre des murs blancs sur lesquels sont placées des structures ressemblant à des cadres dont on ne verrait que le dos.
«Plans d’accrochage» et «monstration»
Support de l’œuvre ou dos de celle-ci, on ne saura jamais ce que sont en réalité ces carrés blancs. Dans la seconde salle, on retrouve aussi de larges rectangles blancs avec ce qui ressemble à un timbre que la peinture aurait recouvert. Le texte qui accompagne l’installation ne donne pas plus d’informations, tout du moins au premier abord, sur le sens que pourraient avoir ses œuvres. Et selon l’auteur, Pieternel Vermoortel, commissaire indépendante, les «plans d’accrochage» et les «conditions de leur monstration» au Luxembourg semblent très importants.
À travers les œuvres et cette lettre, on comprend que le sujet de l’artiste n’est pas la création même, mais bien l’exposition. Christoph Meier questionne les œuvres d’art elles-mêmes et leur mise en espace, tout comme leur relation avec le spectateur. Il joue des codes suggérés de l’exposition, interrogeant le sens même de l’art à partir du moment où il est mis dans le contexte culturel, et authentifié comme tel.
On recherche, on se questionne, on scrute les moindres détails pour tenter de comprendre une narration qui n’existe pas, autre part que dans les habituelles attentes. Comme si on devait s’attendre «à ce qu’un cadre contienne une image, à ce qu’une caisse contienne une sculpture, à ce qu’un texte parle d’une œuvre», conclut Pieternel Vermoortel.
De notre collaboratrice Mylène Carrière