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L’archerie montée, un sport revenu des profondeurs de l’histoire (Vidéo)


Des chevaux, des arcs et des traditions : l’archerie montée, un sport de très ancienne origine, s’élance à la conquête du monde depuis une vallée perdue de Hongrie.

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Trois cents élèves suivent des cours à Kaposmero pour apprendre les codes de ce sport séculaire. (Photos : AFP/Capture d’écran)

L’aventure est née à Kaposmero, un village situé à 180 kilomètres au sud de Budapest, de la passion de Lajos Kassai, 54 ans, cité cinq fois au livre Guinness des records, entre autres pour être, apparemment, le seul homme au monde à pouvoir tirer à l’arc sur une cible pendant 24 heures d’affilée.

Au croisement du tir à l’arc, de l’équitation et de l’acrobatie, ce sport dont il a codifié les règles dans les années 80 consiste à viser des cibles depuis un cheval au galop. « La clé, c’est le rythme et l’équilibre », explique-t-il. « Il faut synchroniser deux choses en même temps : le bas du corps se concentre sur les mouvements du cheval, et le haut du corps sur la cible ». On décoche sa flèche quand les quatre jambes de l’animal sont en l’air, offrant au tireur une fraction de seconde de stabilité.

Suivi des yeux par des dizaines d’admirateurs, le cavalier guide sa monture dans la carrière et tire à rythme soutenu sur des cibles que tiennent ses assistants. Il ponctue chaque tir d’un rugissement.

> Jusqu’à Hollywood

« Son habileté est fantastique », s’émerveille Adam Pinter, venu admirer une démonstration du maître avec ses deux fils, des futurs élèves de l’école. Trois cents personnes suivent des cours à Kaposmero, la première d’un réseau de dizaines d’écoles développées par Lajos Kassai aux Etats-Unis, au Canada, en Norvège et dans plusieurs pays d’Europe centrale notamment. La réputation de Kassai est allée jusqu’à Hollywood, où il vient de former le comédien américain Matt Damon en vue d’un film d’action.

Les chevaux, tous d’un gris pommelé, sont des shagyas, une variante hongroise du pur-sang arabe. « Ressentez leur respiration et leur pouls, ne faites qu’un avec eux », demande le professeur à ses élèves. « Il fait comme les chevaux, il nous pousse à nos limites et teste nos réactions », témoigne Kata Csillag, une élève.

> L’héritage des Magyars

Cette styliste venue de Budapest passera cette année un examen très sélectif. En cas de succès, elle deviendra l’un des 260 archers à cheval au monde admis à participer à des compétitions internationales.

Lajos Kassai a taillé son premier arc dans une branche de saule à l’âge de six ans. Son enfance a été bercée par la légende des Magyars, cette tribu vivant à cheval, dormant dans des yourtes, qui a migré il y a mille ans des steppes de l’Oural vers l’Europe, puis s’est sédentarisée pour former le peuple hongrois. L’archerie montée était un art martial partagé par les peuplades turco-mongoles et eurasiennes.

Elle s’est également développée vers l’Est, devenant par exemple une partie intégrante de la tradition japonaise des samouraïs. Son champion hongrois a écrit plusieurs ouvrages sur les techniques de combat des Magyars et sur leurs liens avec d’autres groupes nomades d’Asie centrale, notamment les Huns. « Ma tête est européenne et mon coeur est oriental », résume-t-il.

A Kaposmero, l’évocation de l’âme et des racines magyares transporte une grande partie des visiteurs, qui regardent évoluer les cavaliers au son de la musique traditionnelle hongroise. Lajos Kassai est d’autant plus fier que 22 pays aient participé l’année dernière à un « Mondial » organisé sur ses terres. Les Hongrois en ont trusté les neuf premières places, et la victoire, bien sûr, est revenue au maître.

AFP