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L’actrice Glenda Jackson, deux fois oscarisée et députée travailliste, est décédée


La comédienne venait de terminer un nouveau film. (photo AFP)

Glenda Jackson, illustre figure du théâtre britannique deux fois oscarisée pour des rôles de femmes à l’érotisme troublant, a consacré la même fougue à sa longue carrière de députée travailliste.

L’actrice est morte jeudi à 87 ans à Londres « après une brève maladie », selon son agent. Elle venait de tourner un nouveau film avec Michael Caine, a-t-il précisé, confirmant son retour à la comédie après des années consacrées à la politique.

À 80 ans et après 23 ans d’absence, cette brune fluette aux larges mains était ainsi remontée sur les planches en 2016, en incarnant le roi Lear, le rôle de la consécration masculine au théâtre. Elle décrochait deux ans plus tard un Tony Awards à Broadway.

« Qui a peur de Glenda Jackson ? La plupart des gens et pour cause », écrivait le New York Times en 2019.

Égérie de Ken Russel, elle remportait en 1970 son premier Oscar pour Love, adaptation de l’audacieux roman de D.H Lawrence sur des relations passionnelles entre deux sœurs et leurs amants.

En 1973, c’est avec la comédie Une maîtresse dans les bras, une femme sur le dos qu’elle décrochait sa seconde statuette grâce à sa composition d’une femme divorcée prise au piège dans un amour impossible avec un homme marié.

De Birkenhead, un petit port en face de Liverpool, où elle est née le 9 mai 1936, elle avait gardé un accent faubourien et la rage de réussir.

Fille d’un maçon et d’une femme de ménage, elle travaille d’abord comme employée dans une pharmacie et suit des cours d’art dramatique pour amateurs. Malgré le manque de soutien familial, elle s’inscrit à l’Académie royale d’Art dramatique de Londres et part en tournée.

Glenda Jackson au Festival de Cannes en 1976. (photo AFP)

Ministre des Transports 

C’est ainsi que le metteur en scène Peter Brook la repère et l’engage en 1963 pour jouer son Ophélie dans Hamlet. L’année suivante, elle entre à la Royal Shakespeare Company et détone dans la pièce Marat/Sade. Elle y incarne une Charlotte Corday démente fouettant Marat de ses longs cheveux dans un asile où sont internés les protagonistes de la Révolution française. L’actrice au tempérament de feu n’a que 26 ans. La pièce est acclamée à Broadway deux ans plus tard.

Après son premier Oscar, sa féminité différente et son magnétisme continuent de crever l’écran : dans La Symphonie pathétique (1970, Ken Russell), elle joue la femme d’un Tchaïkovski homosexuel qui finit en nymphomane rasée dans un hôpital psychiatrique. Dans Un dimanche comme les autres (1971, John Schlesinger), elle se retrouve à partager son amant avec un médecin new-yorkais dans un triangle bisexuel très osé pour l’époque.

Après 35 ans de carrière au théâtre et au cinéma, elle se lance en politique pour combattre Margaret Thatcher qu’elle accuse de détruire la société britannique. Élue en 1992 comme députée travailliste de la banlieue londonienne, elle conserve sa circonscription jusqu’en 2015 et s’illustre par une attention particulière pour les « pauvres, les chômeurs et les malades ».

Nommée comme ministre des Transports dans le gouvernement de Tony Blair de 1997 à 1999, elle en devient une farouche opposante après l’invasion de l’Irak en 2003.

Coutumière des tirades théâtrales au Parlement, elle avait, en guise d’éloge funéraire à la Dame de fer, déclaré de sa voix grave et cinglante : « Première ministre de sexe féminin, certes. Mais une femme ? Certainement pas pour moi. »