Il a incarné un pirate somalien terrifiant dans le film « Capitaine Phillips », mais l’acteur somalien Barkhad Abdi, qui est retourné récemment dans sa Somalie natale pour la première fois en 20 ans, voudrait changer l’image négative de son pays.
Son rôle de pirate déterminé a valu à l’acteur de 29 ans une nomination aux Oscars, un Bafta (les « Oscars » britanniques) et une célébrité mondiale… jusqu’en Somalie. (Photos : AFP)
Quand il est retourné en février en Somalie, pays qu’il a quitté enfant, peu après le début de la guerre civile déclenchée par la chute de l’autocrate Siad Barre en 1991, l’acteur a surtout été assailli par des fans « qui voulaient une photo » avec lui, a-t-il raconté. « Je n’ai pas vu la guerre ; le temps que j’ai passé là-bas, je n’ai pas entendu un seul coup de feu – et je n’ai pas vu de pirates non plus », a expliqué Barkhad Abdi dans la capitale kényane à son retour de Somalie. « La Somalie que j’ai vue est un pays dans un processus de reconstruction. Il y a d’autres choses là-bas que la guerre, la sécheresse et la faim », auxquelles est souvent résumé le pays dans les médias.
Avant « Capitaine Phillips » – inspiré de la capture du porte-conteneurs américain Maersk-Alabama et de son équipage en 2009 – Hollywood avait déjà dépeint la Somalie dans « La Chute du Faucon Noir », qui décrivait la bataille de Mogadiscio en 1993 entre miliciens somaliens et soldats américains, après la chute de deux de leurs hélicoptères, dans une ville dévastée par la guerre.
> « Génération sacrifiée »
Abdi rêve qu’un jour un film montre une image différente de la Somalie. « J’aimerais pouvoir raconter une histoire différente, parce qu’il y a tant de gens sources d’inspiration, des histoires de luttes » au quotidien, explique-t-il : « Une génération a été sacrifiée et maintenant que j’ai une voix, je veux les aider ».
L’acteur est né en 1985 à Mogadiscio six ans avant que le pays ne plonge dans le chaos. Encore aujourd’hui, la majeure partie du pays échappe à l’autorité du fragile gouvernement central et les islamistes shebab, milices claniques et gangs criminels y prospèrent. De vastes zones du pays sont toujours en guerre ou au bord de la famine, même si des progrès ont été accomplis et que la situation s’améliore doucement dans certaines régions. « Ce n’est pas si mauvais que les gens les pensent », a-t-il expliqué.
« Nous avons encore besoin de beaucoup d’aide, mais nous n’avons pas seulement besoin de nourriture et d’argent – nous avons besoin de structures, d’un gouvernement fort et nous avons besoin de paix, nous avons besoins que notre population se débrouille seule et soit indépendante ».
AFP