La sonde américaine Dawn se rapproche de Cérès, la plus petite planète naine du système solaire, autour de laquelle elle doit se mettre en orbite vendredi pour l’explorer et percer ses mystères.
(Photo et illustration : AFP)
Ces observations pourraient aussi lever le voile sur la naissance de notre système solaire, il y a 4,6 milliards d’années. « L’étude de Cérès nous permet de remonter dans l’histoire de l’espace et les données recueillies par Dawn pourraient aboutir à des percées importantes dans la compréhension de la formation du système solaire », a expliqué Jim Green, directeur de la division science planétaire à la Nasa, lors d’une conférence de presse. « Dawn est en passe d’effectuer une mission historique », a expliqué Robert Mase, le responsable de ce projet au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa.
Il s’agit de la première sonde à explorer d’aussi près une planète naine, le plus gros objet connu de la ceinture d’astéroïdes du système solaire située entre les orbites de Mars et de Jupiter. « Notre équipe est prête et impatiente de découvrir ce que renferme Cérès », a-t-il ajouté.
Les plus récentes images prises par la sonde à 40 000 kilomètres de Cérès révèlent de nombreux cratères et deux points exceptionnellement brillants, proches l’un de l’autre, dans un même bassin que les scientifiques ne peuvent pas encore expliquer. « L’équipe de Dawn est vraiment enthousiasmée par ce phénomène car c’est unique dans le système solaire », a dit Carol Raymond, responsable scientifique de la mission. « Nous pourrons en expliquer l’origine quand nous nous rapprocherons de la surface de Cérès et le mystère sera alors résolu », a-t-elle ajouté devant la presse, indiquant que ces points exceptionnellement lumineux pourraient être la réflexion de glace ou de sel. Cette scientifique a aussi estimé que Cérès avait « un potentiel exobiologique » et pourrait abriter des micro-organismes.
Des émissions localisées et intermittentes de vapeur d’eau avaient été détectées pour la première fois autour de Cérès entre novembre 2012 et mars 2013 par le puissant télescope spatial européen Herschel.
> Collision catastrophique
Cérès relâche de la vapeur d’eau à raison de 6 kilos par seconde, a calculé l’équipe d’astronomes conduite par Michael Küppers, de l’Agence spatiale européenne. Il s’agit de la première détection de vapeur d’eau autour d’un astéroïde, avaient alors souligné ces scientifiques qui n’ont aucun lien avec la mission Dawn.
Alors que Dawn s’approchera de plus en plus de Cérès, dont le diamètre est de 950 km, les scientifiques chercheront des indications d’une activité géologique. Vendredi 6 mars, la sonde se mettra sur une orbite polaire autour de Cérès à 13 500 km et se rapprochera de la planète, au plus près à environ 375 km à la fin novembre. Les scientifiques de la mission auront alors 16 mois pour effectuer des mesures et des observations.
Avant d’aller étudier Cérès, Dawn, qui pèse 1,21 tonne, avait exploré Vesta, un des plus gros astéroïdes du système solaire, autour duquel elle est restée en orbite un an à partir de juillet 2011. Vesta est un grand rocher de forme irrégulière, sans traces d’eau, avec un noyau de fer, d’un diamètre moyen de 520 km.
Lancée en 2007, Dawn, une mission de 473 millions de dollars, est équipée d’une caméra à très haute définition et de deux spectromètres. Elle est dotée d’un moteur électrique à propulsion ionique qui assure une poussée constante permettant d’atteindre de très grandes vitesses.
Outre Dawn, la Nasa s’apprête à explorer Pluton, deuxième plus grande planète naine du système solaire après Eris. La sonde New Horizons, lancée en 2006, continue à s’en approcher et passera au plus près vers le 14 juillet. La sonde ne pourra pas se mettre en orbite autour de Pluton en raison de la nature de son atmosphère.
La Nasa va également lancer en 2016 le vaisseau OSIRIS-REx (Origins-Spectral Interpretation-Resource Identification-Security-Regolith Explorer) pour étudier un grand astéroïde de façon très détaillée et ramener des échantillons sur la Terre. L’une des grandes priorités de l’Agence spatiale américaine est de traquer les astéroïdes dont l’orbite croise à proximité de celle de la Terre et de développer des techniques de protection de notre planète contre une éventuelle collision catastrophique.
AFP