Critiquée par la famille du créateur italien, la nouvelle série sur l’assassinat de Gianni Versace, par les auteurs de « The People vs. O.J. Simpson », arrive sur les écrans mercredi.
Présentée comme la seconde saison de la saga « American Crime Story », « The Assassination of Gianni Versace » est diffusé à partir de mercredi aux États-Unis sur la chaîne câblée FX et en mars en France sur Canal+ (mais disponible à la demande tout de suite après la diffusion américaine).
Prenant les devants, la famille du couturier disparu a pris ses distances la semaine dernière, assurant n’avoir « ni autorisé, ni participé à la réalisation » de la série.
Le programme doit, selon les proches de Gianni Versace, « être uniquement considéré comme étant une fiction », bien que l’auteure du livre dont est tirée la série, Maureen Orth, ait présenté son travail comme une enquête minutieuse.
« Maureen Orth n’a jamais reçu d’information de la famille Versace », a insisté la famille, affirmant qu’elle s’était contentée de reprendre « des rumeurs contradictoires ».
La famille Versace, et sa sœur toute puissante Donatella en premier lieu, conteste notamment que Gianni était séropositif, comme le rapporte Maureen Orth.
Même s’il est largement présent, la série n’a pourtant pas pour élément central le couturier glamour, assassiné sur le perron de sa somptueuse demeure de Miami le 15 juillet 1997, mais son meurtrier, Andrew Cunanan.
Un personnage énigmatique, à la fois brillant, charmeur, narcissique, arriviste, mythomane et violent, dont on ne sait toujours pas aujourd’hui exactement ce qui a motivé son geste.
« Tuer pour la gloire »
La série est directement inspirée du livre de Maureen Orth « Vulgar Favors: Andrew Cunanan, Gianni Versace and the Largest Failed Manhunt in US History », qui retrace le parcours meurtrier d’Andrew Cunanan, qui a frappé quatre fois avant de s’en prendre à Gianni Versace.
« Il était prêt à tuer pour la gloire », a résumé Maureen Orth lors d’une table ronde organisée en novembre à New York avec l’équipe de la série.
Pour elle, « il voulait tout ce qu’était Versace, mais il n’était pas prêt à travailler pour ça ».
L’acteur Darren Criss, qui interprète ce jeune homme d’origine philippine, comme lui, y voit « la chute d’un jeune très prometteur, qui s’est horriblement égaré ».
Construite à rebours, la série remonte le fil de l’existence d’Andrew Cunanan pour comprendre sa trajectoire. « Essayer d’humaniser quelqu’un qui est si communément diabolisé, c’est pour moi le plus intéressant » à jouer, explique Darren Criss.
Comme dans le cas d’O.J. Simpson, dont le procès a réveillé l’antagonisme américain entre Noirs et Blancs, les auteurs ont cherché avec ce nouveau volet à dépasser le seul cadre du meurtre pour évoquer un sujet plus large.
La première saison dédiée à O.J. Simpson, l’ancienne star du football américain accusé d’avoir tué son ex-femme, avait raflé 2 Golden Globes et 9 Emmy Awards, les récompenses de la télévision américaine.
« Nous voulions que chaque saison parle d’un crime dont l’Amérique est coupable », a expliqué la productrice Nina Jacobson. Avec « The Assassination of Gianni Versace », « nous avons essayé d’explorer et de rappeler ce que c’était que d’être gay dans les années 90 ».
« American Crime Story » dépeint ainsi un pays beaucoup moins ouvert à l’idée de l’homosexualité qu’il ne l’est aujourd’hui.
Tout comme Gianni Versace et Andrew Cunanan, les quatre premières victimes de ce jeune homme qui a grandi à San Diego étaient homosexuelles, et deux d’entre elles n’en avaient jamais fait état publiquement avant leur décès.
Homosexualité rimait encore avec marginalité, comme le montrent notamment, dans la série, des policiers aux gros sabots visiblement mal à l’aise d’enquêter dans ce milieu.
Dans son livre, Maureen Orth sous-entend que le fait que les victimes aient été homosexuelles expliquerait, en partie, le peu d’entrain de l’enquête.
Andrew Cunanan avait ainsi été inscrit sur la liste des dix criminels les plus recherchés des États-Unis plus d’un mois avant d’assassiner Gianni Versace.
Le Quotidien/ AFP