La sélection du festival de Cannes dévoilée

Dévoilée jeudi, la compétition du festival de Cannes est emmenée par la locomotive Megalopolis, de Francis Ford Coppola. Une coproduction luxembourgeoise est en lice.

«L’édition 2024 sera à la hauteur» de sa prédécesseure, édition «de tous les records», a assuré la présidente du festival de Cannes, Iris Knobloch, en conférence de presse. Thierry Frémaux, le délégué général du festival, n’a dévoilé que dix-neuf films en compétition sur la vingtaine attendue d’ordinaire. Près d’une dizaine de longs métrages pour les différentes sélections seront encore annoncés ultérieurement, mais le programme de la sélection officielle dévoilé jeudi a de quoi faire déjà rêver.

Un vieux rêve de cinéphile, justement : Francis Ford Coppola revient en compétition au festival de Cannes avec Megalopolis, 45 ans après sa deuxième Palme d’or pour Apocalypse Now (1979). Le géant du cinéma, 85 ans, avait décroché sa première Palme avec The Conversation en 1974. Les épithètes manquent pour qualifier Megalopolis, film jugé «testamentaire» et hors norme au budget de 100 millions de dollars – tous sortis de la poche de Coppola, comme à l’époque de sa fresque du Vietnam. Son sujet reste pour l’heure vague, autour de la destruction de New York et une reconstruction qui se joue entre un architecte utopiste et le maire de la ville.

Autre palmé, Jacques Audiard (Dheepan, 2015) retrouve la Croisette avec Emilia Perez, au croisement du polar et de la comédie musicale sur fond de narcotrafic au Mexique, avec les stars Selena Gomez et Zoe Saldaña. David Cronenberg présente The Shrouds, film de deuil porté par Diane Kruger et Vincent Cassel, tandis que Paul Schrader retrouve Richard Gere pour Oh Canada (près de 45 ans après American Gigolo). The Apprentice, qui parle du jeune Donald Trump, fait saliver avec Ali Abbasi (Border, Holy Spider) derrière la caméra. Le cinéaste russe en exil Kirill Serebrennikov, autre habitué de Cannes, présentera son Limonov, tiré du livre d’Emmanuel Carrère. Yorgos Lanthimos (Kinds of Kindness), Christophe Honoré (Marcello Mio) ou Paolo Sorrentino (Parthenope), habitués de la compétition, répondent aussi à l’appel.

Le Luxembourg du côté des femmes

Face aux grands noms, la nouvelle génération de cinéastes pointe le bout du nez, avec le Suédois Magnus Von Horn (The Girl with the Needle), la Française Agathe Riedinger (Diamant brut), l’Américain Sean Baker (Anora) et l’Indienne Payal Kapadia (All We Imagine As Light, une coproduction luxembourgeoise des Films Fauves). À propos des réalisatrices, il n’y en a que quatre en compétition, loin du record de l’an dernier, à sept – mais «il faut une demi-décennie pour juger d’une tendance», a estimé Thierry Frémaux. Pour les angles politiques, il faut jeter un œil aux séances spéciales, hors compétition, avec La Belle de Gaza, de la documentariste Yolande Zauberman, qui suit la trajectoire de transgenres palestiniens, et L’Invasion, de l’Ukrainien Sergei Loznitsa.

D’autres têtes d’affiche étaient déjà connues : Greta Gerwig (Barbie) présidera le jury officiel, Xavier Dolan celui de la sélection Un certain regard. George Lucas, 79 ans, père de la saga Star Wars (et ami de jeunesse de Francis Coppola), recevra une Palme d’or d’honneur lors de la cérémonie de clôture. Kevin Costner, de retour au western (Horizon) hors compétition, tout comme Furiosa, nouvel épisode de la saga Mad Max de George Miller. L’ouverture reviendra, elle, à Quentin Dupieux, maître du décalage avec Le Deuxième Acte.