L’agence spatiale russe a expliqué mardi la perte d’un satellite lancé du cosmodrome de Vostotchny, dans l’Extrême-Orient russe, par une erreur dans un algorithme, s’attirant les foudres du gouvernement qui l’a accusée de vouloir épargner les responsables.
Le 28 novembre, la Russie avait perdu le contact avec le satellite météorologique Meteor et plusieurs autres petits satellites lancés quelques heures plus tôt par une fusée Soyouz depuis le tout neuf cosmodrome de Vostotchny censé symboliser le retour des ambitions spatiales russes. La commission chargée de l’enquête « est arrivée à la conclusion que cette situation malheureuse a été causée par le comportement imprévu de l’étage supérieur de la fusée après sa séparation de la fusée », a indiqué l’agence spatiale Roskosmos dans un communiqué. « Cela a révélé un problème d’algorithme », précise le communiqué.
Selon le vice-président de Roskosmos, Alexandre Ivanov, « l’algorithme du système de navigation a conclu à une orientation incorrecte de l’étage supérieur » du satellite qui a ensuite évolué dans le mauvais sens, provoquant sa perte. « Malheureusement, nous avons été confrontés à un problème qui n’est pas lié à la qualité, à la rigueur dans l’industrie mais à la particularité du logiciel utilisé », qui a déjà vingt ans de service, a-t-il affirmé à l’agence Interfax.
Nouvel échec cuisant
Mais le vice-Premier ministre russe chargé de l’Espace, Dmitri Rogozine, a plus tard critiqué la commission d’enquête de Roskosmos. « Les résultats de la commission de Roskosmos ne peuvent être considérés comme totalement objectifs puisqu’ils ne répondent pas à la question principale : comment une telle erreur peut avoir lieu et qui est responsable », a-t-il déclaré, cité par les agences de presse russes. Il a ajouté qu’une nouvelle commission sera créée pour analyser le travail de Roskosmos. « Ces résultats seront montrés aux dirigeants du pays », a-t-il averti.
La perte du satellite météorologique – qui était accompagné de 18 charges utiles appartenant à des institutions ou des entreprises du Canada, des États-Unis, du Japon, d’Allemagne, de Suède et de Norvège – a représenté un nouvel échec cuisant pour l’industrie spatiale russe, qui a connu plusieurs revers importants ces dernières années.
Selon l’expert indépendant russe Vadim Loukachevitch, les conclusions de Roskosmos constituent une tentative de préserver sa réputation face à ce qui est une erreur humaine qu’il juge « non professionnelle ». « C’est l’échec de la personne qui a programmé cet algorithme. Si l’algorithme n’a pas fonctionné, cela veut dire qu’il n’a pas été programmé avec les paramètres du cosmodrome Vostotchny », a-t-il affirmé.
Construit pour un coût de 300 à 400 milliards de roubles (4 à 5,3 milliards d’euros), le cosmodrome de Vostotchny avait déjà connu en avril 2016 un premier accroc lorsque le lancement d’une fusée avait dû être annulé in extremis en raison du dysfonctionnement d’un câble.
Le Quotidien/AFP