Where to Invade Next, le nouveau documentaire de l’Américain Michael Moore, débarque mercredi sur les écrans. Et comme d’habitude, l’exercice est plaisant, à défaut d’être précis.
Michael Moore, c’est d’abord un patte, inimitable. Un gros nounours en basket qui se balade dans le monde pour porter la bonne parole d’un gauchiste à la sauce américaine. Ou peut-être un utopiste naïf. À moins que ce ne soit une idéologie plus insidieuse.
Cette fois, l’homme de Flint, Michigan, a décidé de quitter son pays. Marre de la dérégulation, des inégalités. En Europe, il en est convaincu, il trouvera un modèle de société idéale. Il commence son invasion par l’Italie, paradis des congés payés. Là-bas, il rencontre un couple qui profite des jours fériés, congés et autres ponts pour prendre du bon temps. Incroyable.
Sa croisade se poursuit en France où, comme tout le monde le sait, les études supérieures sont gratuites, les soins médicaux aussi, et où la nourriture des cantines est cuisinée par des chefs consciencieux qui affinent leurs camemberts avant de les servir aux enfants.
Drôle et bordélique
Au Portugal, les policiers n’arrêtent plus les fumeurs de joints et tout le monde est heureux grâce à l’herbe qui fait rire. Un peu comme en Finlande où les élèves profitent du meilleur système scolaire du monde qui consiste à en faire le moins possible.
Telle est la vision du monde que partage Michael Moore dans Where to Invade Next. Des raccourcis, des contre-vérités ou même des ellipses volontaires. C’est drôle, bordélique et de mauvaise foi. C’est aussi suffisant pour faire réfléchir sur l’état du monde et les différences, souvent trop grandes, entre nations.
Avec le recul nécessaire, le documentaire est plaisant, enjoué. Mais les ficelles sont aussi trop grosses pour lui donner une autre valeur que divertissante. On préfère quand même le Michael Moore engagé qui poursuit le mal comme dans ses précédents Farenheit 9/11 ou Bowling for Columbine au clown désenchanté de ce Where to Invade Next.
Christophe Chohin