Fini le pot commun : la plateforme musicale SoundCloud, qui permet à des artistes de faire découvrir leurs morceaux à des auditeurs, a annoncé mardi lancer, dès avril, un nouveau système de rémunération des artistes, basé sur les durées d’écoute de chaque artiste, une première selon elle.
Aujourd’hui le fonctionnement des plateformes de streaming musicales, telles que Spotify, Deezer est simple: un abonné qui paye 10 euros mensuels voit une grande partie de cette somme migrer vers les artistes plus streamés (par les abonnés en général).
Connu sous le nom de « market centric » (prorata des écoutes totales), ce système, décrié par les artistes, s’oppose au modèle théorique du « user centric », qui s’appuierait sur les écoutes individuelles des abonnés. Concrètement, le premier système favorise les grandes stars comme Drake ou Ariana Grande, au détriment des plus petites.
C’est ce système que va remettre en cause la plateforme allemande Soundcloud, qui, dès le 1er avril, inaugurera, pour les artistes qui monétisent leurs créations en utilisant les services SoundCloud Premier, Repost by SoundCloud ou Repost Select, un système qui lie leur rémunération aux écoutes de leurs fans.
« C’est une demande qui revient depuis des années dans l’industrie. Nous sommes heureux d’être les premiers à apporter cette innovation pour soutenir les artistes », indique à l’AFP Michael Weissman, directeur général de SoundCloud.
Au total, ce sont « près de 100.000 artistes indépendants » dans le monde qui sont concernés.
«Plus juste et équitable»
Un système plus « juste » et « équitable » selon la plateforme, et qui devrait, in fine, favoriser une plus grande diversité musicale. Selon ses estimations, les artistes français notamment devraient être les grands gagnants de ce changement: ils verraient le montant total qui leur est versé augmenter collectivement de près de 25 %.
Une étude du Centre national de la musique (CNM) français publiée fin janvier estimait que changer le système de répartition des plateformes musicales, en passant du pot commun aux écoutes par artiste, impacterait peu la rétribution des musiciens actuellement marginalisés et aurait pour principale effet de stabiliser le « milieu du classement ». L’étude, menée auprès du cabinet Deloitte, n’incluait toutefois pas la plateforme SoundCloud mais seulement Spotify et Deezer.
Fondée en 2007, SoundCloud compte plus de 250 millions de morceaux créés par 30 millions d’artistes écoutés dans 190 pays.
AFP