Dans le flot permanent de photos qui inondent internet, l’une émerge parfois et vous remue plus que les autres. Ces derniers jours, le cliché d’une petite Syrienne de 4 ans, bras en l’air et poings serrés devant l’objectif d’un photographe qu’elle a confondu avec une arme, a bouleversé les réseaux sociaux. L’auteur raconte l’histoire de cette rencontre poignante.
L’image de cette fillette à la bouille rondelette et joues rosies, prise sur le vif, a été retweetée plus de 11 000 fois, suscitant une vague de réactions sur le web. L’auteur est un photojournaliste turc, du nom d’Osman Sagirli.
Ce dernier a expliqué à la BBC que ce cliché de la petite fille, prénommée Hudea, âgée de 4 ans et originaire de Hama à l’ouest de la Syrie, a été prise en décembre dernier dans le camp de réfugiés syriens d’Atmeh, à la frontière turque. Hudea s’y trouvait avec sa mère ainsi que ses deux frères et sœurs.
« J’utilisais un téléobjectif et elle a pensé qu’il s’agissait d’une arme. J’ai compris à quel point elle était terrifiée après avoir pris et regardé la photo. Elle mordait ses lèvres et levait ses bras en l’air. Normalement, quand ils voient un appareil, les enfants s’enfuient en courant, cachent leur visage ou sourient. » L’expression de son minois est stupéfiante, tout autant que ses grandes billes noires écarquillées face à la menace. Elle y est habituée, sans aucun doute.
Osman Sagirli travaille pour le journal Turkiye depuis plus de vingt-cinq ans. Des horreurs de guerres, il en a vu de toutes les couleurs. Les plus sombres restent celles qui mettent les enfants en lumière, assure-t-il. « On sait qu’il y a des gens déplacés dans les camps. C’est encore plus frappant de constater ce qu’ils ont enduré à travers les enfants plutôt que les adultes. Par son innocence, c’est l’enfant qui reflète les véritables sentiments qui habitent toutes ces personnes. »
Le Quotidien Web