Le lancement d’un championnat de basket professionnel en Afrique, sous le patronage de la NBA, vise « à développer un véritable business » sur le continent, comme l’explique le président de cette Ligue africaine de basket (BAL).
Le tournoi qui doit débuter en janvier 2020 avec 12 équipes marque la première participation de la toute puissante NBA à un championnat hors d’Amérique du Nord, et ce en lien avec la Fédération internationale de basket (Fiba). « Ce qui nous a conduits à créer cette Ligue et à lancer des académies, c’est qu’on voit l’opportunité de développer un véritable business sur le continent », décrypte Amadou Gallo Fall, vice-président de la NBA nommé en mai dernier à la tête de la BAL. « Il faut qu’en Afrique, on commence à penser au sport en termes de business », dit-il en soulignant que « sur le plan mondial, l’industrie du sport génère une très grosse partie de PIB » (Produit intérieur brut, un indicateur de richesse économique).
Le président de la BAL se trouvait au Maroc cette semaine pour inaugurer deux terrains de basket à Khouribga et Benguerir, deux villes minières de l’est du pays, coup d’envoi d’un partenariat avec l’Office chérifien des phosphates (OCP). En plein essor sur le continent africain, le premier producteur mondial d’engrais à base de phosphate va financer pour un montant non dévoilé le développement de ligues NBA Junior au Maroc et au Rwanda, selon un communiqué de l’OCP.
En juillet 2018, l’Agence française de Développement (AFD) avait mis sur la table six millions de dollars (5,4 millions d’euros) pour des programmes en partenariat avec la NBA au Nigéria, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, en Afrique du Sud et au Maroc. « Certains ont déjà compris ce que construire des infrastructures engendre en apport économique », assure Amadou Gallo Fall, en évoquant le record d’affluence pour le basket africain avec la finale du Championnat d’Afrique dames qui a rassemblé 15.000 spectateurs à la Dakar Arena pour la victoire du Nigeria contre le Sénégal. « C’était vraiment très fort de voir cette passion, cet engouement, cette envie de voir de beaux spectacles dans des salles de standard mondial, confie-t-il. D’autres arènes vont voir le jour très prochainement et c’est ce que nous voulons motiver avec la création de la Ligue ».
Un marché de 1,5 milliards d’habitants
Mais « pour nous, le plus important, c’est que les jeunes qui ont énormément de passion pour le basket aient l’opportunité de le pratiquer », assure-t-il. « Nous avons déjà effectué un travail à la base pendant près de vingt ans (…), une nouvelle génération commence à se manifester et c’est ce qui nous amène à créer cette Ligue: nous savons que tous les ingrédients sont sur place », affirme-t-il. Pour lui, l’équipe des Raptors de Toronto symbolise les promesses du basket africain, avec son président nigérian, Masai Ujiri et son ailier fort camerounais Pascal Siakam sacré champion NBA 2018-2019, sans oublier le congolais Serge Ibaka ni l’ancien joueur congolais Patrick Mutombo, devenu entraîneur adjoint. Quelque 40 joueurs actuels de NBA sont soit nés en Afrique, soit ont au moins un parent qui y est né, selon la NBA.
Pour le premier championnat africain, six villes accueilleront les matches de la saison régulière: Le Caire, Dakar, Lagos, Luanda, Rabat et Monastir ou Tunis. Le « Final Four » (demi-finales à élimination directe et finale) est prévu à la fin du printemps à Kigali, la capitale rwandaise. « Nous sommes en train de discuter avec des partenaires, certains sont des leaders en termes de broadcasting du sport », indique Amadou Gallo Fall.
Des partenariats ont déjà été noués avec la marque de ballons Spalding, Nike et sa filiale Jordan: « c’est pour eux une opportunité de venir sur le terrain populariser leurs produits », explique le président de la BAL en rappelant que « l’Afrique est un marché de 1,5 milliards d’habitants ».
La NBA est très présente à l’international avec des matchs diffusés dans 215 pays, dans 50 langues différentes. La ligue vend ses produits dans plus de 100.000 magasins répartis dans 100 pays et sur six continents, dont l’Afrique.
AFP/LQ