Avec comme «cibles fortes» le jeune public et les populations les plus fragiles, la Kulturhaus, à Mersch, continue de jouer dans un registre singulier, mais porteur.
Sans effet d’annonce, mais sur la pointe des pieds, voilà comment avance la Kulturhaus, souvent sur des chemins de traverse. D’où cette politique, érigée en philosophie, de «faire moins» mais de «meilleure qualité», comme le prône sa directrice, Karin Kremer, qui prendra sa retraite en décembre – après treize années de bons et loyaux services – pour mieux confier les clés de «sa» maison à Claude Mangen. Objectif avoué de sa mentor : «Travailler plus longtemps avec nos artistes, les encadrer davantage, les confronter intelligemment.»
Derrière le discours, une généreuse politique de résidence, ouverte pendant certains moments de la saison. Mais également une envie, chevillée au corps, de poursuivre un ancrage territorial à travers un solide réseau, d’artistes, donc, mais aussi d’institutions. Preuve en est avec l’étonnante toile d’araignée qui unit la Kulturhaus, le Kinneksbond (Mamer) et le CAPe (Ettelbruck) autour de la création «jeune public» et ses programmes adaptés («CAKU», «Culture Up !» et «Bock op Kultur !»). «C’est un peu comme une locomotive qui tire d’autres wagons : les uns sans les autres ne fonctionnent pas !», explique Karin Kremer.
Visites en langue des signes
Autant de projets communs qui se sont développés tranquillement, à l’instar de ceux qui se tournent vers les populations les plus fragiles, blanContact en tête – qui confronte, depuis maintenant plus de dix ans et à travers différentes disciplines artistiques, des danseurs à mobilité réduite et d’autres professionnels comme amateurs. Gageons que «Babel un mot, un geste», idée lancée l’année dernière afin de donner une voix (ou une place) – et ce «avec sensibilité» – aux déficients auditifs, connaisse la même réussite.
Dans ce sens, des visites en langue des signes complètent, pour la première fois, un menu déjà chargé (avec notamment la pièce musicale Pierre et le loup). Et pour cause, selon sa directrice, «le public ne doit jamais être déçu par une offre de continuité». Sur cette même base, on retrouvera aussi, pour la nouvelle mouture, les points forts de l’établissement – qui lui a permis d’attirer près de 19 000 personnes la précédente saison : la danse, d’abord, exigeante et ouverte aux rencontres, concoctée par les représentants nationaux (Jill Crovisier, Jean-Guillaume Weis, Giovanni Zazzera). Mais également de la musique, du théâtre, des expositions et des arts du cirque…
Grégory Cimatti