La France et le Japon envisagent une mission commune visant à ramener sur Terre un échantillon d’une des lunes de Mars, une première, a-t-on appris jeudi auprès de Jean-Yves Le Gall, président du Centre national d’études spatiales (Cnes).
« C’est une mission d’une importance considérable car, exception faite de la Lune, cela sera la première fois qu’on rapportera sur Terre un échantillon d’un satellite d’une planète », a-t-il indiqué. Jean-Yves Le Gall et Naoki Okumura, président de l’agence d’exploration spatiale japonaise (Jaxa), ont signé lundi à Tokyo un accord pour étudier cette mission MMX qui prévoit de faire décoller une sonde vers Mars en 2024. La décision finale sera prise vers la fin de l’année.
La sonde devra déposer un petit atterrisseur sur Phobos, la plus grande et la plus proche des deux lunes de Mars, pour rapporter sur Terre un prélèvement « qui permettra de faire des milliers d’analyses ». « Cet atterrisseur est un peu inspiré de Philae ou de Mascot (que la sonde japonaise Hayabusa-2 devrait déposer sur un astéroïde en 2018) », explique Jean-Yves Le Gall. De forme irrégulière, Phobos mesure 27 kilomètres dans sa plus grande dimension. Connaître sa structure permettrait d’éclairer le débat sur l’origine des deux lunes de Mars. Selon les deux principales théories qui s’opposent, il pourrait s’agir soit d’un astéroïde capturé dans le champ de gravitation de Mars, soit du résidu d’un impact géant sur la planète rouge.
Aller sur Phobos, qui orbite à seulement 6 000 km de Mars, représente également un moyen plutôt sûr d’observer la planète rouge. « Se poser sur Phobos est à peu près deux fois moins difficile que de se poser sur Mars car la sonde n’a pas à traverser l’atmosphère martienne », explique le président du CNES. La planète rouge est actuellement au centre de toutes les attentions.
Jean-Yves Le Gall se félicite que le Cnes soit « à peu près sur toutes les missions vers Mars », citant le rover Curiosity de la Nasa qui officie déjà depuis 2012, le vaisseau Maven qui est en orbite autour de Mars pour étudier son atmosphère depuis 2014 mais également des missions futures comme l’Américaine Mars 2020, l’Européano-russe ExoMars et Nemo (Next Mars Orbiter) prévue pour 2022. « Nous allons également lancer avec la Nasa, le robot InSight qui va permettre d’écouter battre le coeur de Mars pour savoir si son coeur est liquide ou solide », explique le président du Cnes.
Le Quotidien/AFP