La présentation de la nouvelle console de jeux Switch de Nintendo a été fraîchement accueillie vendredi par des investisseurs et analystes au Japon, ce modèle hybride accompagné de peu d’informations semblant décevoir leurs attentes.
L’action du pionnier japonais des jeux vidéo a fini la séance à la bourse de Tokyo sur une perte de 6,5%, au lendemain de la première vidéo montrant le « concept totalement nouveau » de la Switch, précédemment connue sous le nom temporaire NX.
Il s’agit d’une console de salon que l’on peut emporter à l’extérieur en la sortant de son socle, la partie amovible ressemblant alors fortement à la tablette de la précédente machine, Wii U, avec cette fois sur les deux côtés des manettes détachables.
« C’est apparemment une console de salon performante qui en plus peut sortir et répond ainsi à plusieurs situations, bref, une console à plusieurs visages. Mais d’un autre côté, quid du prix et de la relation avec le smartphone ? », a commenté sur son compte Twitter l’un des meilleurs spécialistes du secteur, Hirokazu Hamamura, un dirigeant de la maison d’édition Kadokawa.
Avec un concept « hybride » de cette nature, Nintendo ne concurrence pas directement Sony avec sa PlayStation 4, une machine de salon très puissante et offrant de multiples fonctions multimédias, mais s’installe entre la PS4 et le jeu sur smartphone, ce qui justement apparaît peut-être risqué aux yeux des actionnaires qui avaient manifestement d’autres espoirs.
« Avec ce qu’on a vu hier sur la vidéo, il n’y a pas de fonctions révolutionnaires, alors que tout le monde s’excite actuellement pour la réalité virtuelle que propose notamment Sony », a commenté pour un site d’informations du groupe Nikkei un analyste d’Iwai Cosmo Securities.
« Nintendo n’a pas suscité la surprise, ne bousculant pas la donne comme il l’a fait en son temps avec l’annonce de la console Wii, mais nous pensons néanmoins qu’ont été corrigées certaines lacunes de la console Wii U », version ultérieure qui n’a pas trouvé son public, a commenté dans une note Junko Yamamura, analyste de la maison de courtage Nomura, spécialisée dans les divertissements.
« Il n’y a pas eu d’informations sur la stratégie des jeux en ligne », a-t-elle regretté, s’interrogeant notamment sur le rôle de la société DeNA, spécialiste des plateformes de divertissements pour mobiles, mentionnée parmi les partenaires pour la Switch.
Nintendo et DeNA travaillent ensemble sur des applications pour smartphones, un domaine longtemps ignoré par Nintendo, même si des avancées notables ont été constatées dernièrement avec la création d’un jeu Super Mario spécifiquement pour les smartphones iPhone et tablettes iPad d’Apple.
Dans tous les cas, la ligne de jeux pour la Switch sera un élément crucial et la liste des studios de développement cités laisse augurer une logithèque plutôt attractive a priori.
La présentation diffusée sur internet a déjà permis d’apercevoir quelques images issues de sagas incontournables de Nintendo: « The Legend of Zelda: Breath of Fire », qui avait déjà été annoncé, ainsi que des images tirées de productions comme « Super Mario », « Mario Kart » et « Splatoon ».
Les spécifications techniques de la Switch, qui sera commercialisée en mars 2017, n’ont pas été dévoilés.
La déception de la première heure n’est pas forcément définitive, et les clarifications ultérieures de la maison mère de Pikachu pourraient rassurer les analystes. Des joueurs, eux, se sont réjouis sur les réseaux sociaux de voir enfin la tournure de l’objet promis, se disant impatients de le manipuler.
Cette console se doit en tout cas d’être un succès pour Nintendo, qui souffre depuis des années de la concurrence des smartphones et dont le chiffre d’affaires a été divisé par quatre depuis les plus beaux millésimes de la firme centenaire de Kyoto en 2008/2009.
Le Quotidien / AFP