C’est à un grand défi que s’attaque Design City 2016. En effet, c’est la rue de Strasbourg que va investir dans la capitale la 4e édition de cette biennale.
Où s’arrête le design et où commence l’art ? Peut-on différencier les deux, ou, au contraire, dire qu’ils ne font qu’un ? Voilà les questions posées par la biennale Design City 2016. Après trois précédentes éditions qui ont vu la place d’Armes et la Kinnekswiss transformées grâce à des circuits design et des expositions, c’est maintenant au tour du quartier de la Gare, et plus particulièrement de la rue de Strasbourg, à Luxembourg, d’être investi par les designers, sous le thème «Design Is (not) Art». Un thème volontairement ambigu qui annonce le désir de jouer des frontières entre design et art, de la fonction et de l’objectif du design.
Or le Design City étant un laboratoire de la pensée du design urbain, il est primordial d’effectuer une focalisation quartier par quartier, afin de faire face aux problèmes propres à chaque zone. En cela, «le quartier de la Gare est un vrai challenge», explique Anna Loporcaro, curatrice de Design City. Bien qu’il s’agisse d’un quartier exceptionnel et vivant, les problèmes de drogue et de prostitution y ont pris une place beaucoup trop importante. Que le Design City 2016 y prenne ses quartiers ne peut donc être que bénéfique, mais cela n’est possible que grâce à «une collaboration entre les citoyens du quartier et les responsables de la Ville», comme l’a souligné la bourgmestre, Lydie Polfer, qui a à plusieurs reprises remercié les responsables du projet quant à leur ambition de s’attaquer à un si gros morceau.
Embellir le quartier de la Gare
La collaboration et la participation des résidents vont justement être une donnée primordiale de cette quatrième édition du Design City, avec notamment quatre projets dans l’espace public qui mettront à profit la volonté et l’expérience des résidents dans le but d’améliorer leur quartier. Il en sera ainsi avec le projet «Fabrica», par exemple, qui, par un jeu d’obscurité et de lumière dans la rue de Strasbourg, permettra aux habitants et visiteurs, à l’aide de pastilles sur lesquelles ils pourront écrire ou dessiner, de projeter des messages représentant, pour eux, des solutions aux problèmes de leur quartier.
Le projet «Talking Things», lui, consiste en un journal réunissant des entretiens ou des témoignages d’habitants de la rue, de passants, de commerçants, de travailleurs, afin d’exprimer l’opinion de toutes ces personnes, leur ressenti, leur opinion sur le quartier, les perspectives d’avenir, etc. Le journal n’est pas encore terminé pour pouvoir y ajouter des témoignages de personnes durant Design City. Et il ne s’agit ici que de deux exemples de projets mettant en avant le quartier de la Gare. Mais comme l’a dit Anna Loporcaro, «la biennale grandit».
Et cette croissance se traduit par la présence de plus en plus accrue de partenaires, comme par exemple le Cercle-Cité, les Rotondes ou encore des galeries d’art, qui accueilleront des expositions, des installations interactives, des ateliers…
C’est donc une large palette d’événements que proposera encore une fois Design City, avec pour objectif de rendre les gens attentifs à ce qui les entoure, de leur faire lever le nez pour découvrir des lieux, des choses, des constructions qu’ils n’avaient jamais vus auparavant, même en passant plusieurs fois par jour au même endroit. Mais aussi de rendre le quartier à des habitants qui l’ont vu sombrer, impuissants, dans la délinquance, la drogue et la prostitution et qui n’ont qu’un désir : le reprendre en main.
C’est donc depuis hier et jusqu’au 22 mai que se déroulent les différents projets, ateliers, expositions et installations.
Déborah Collard