« Il y a tout dans Kiss Me, Kate ! », expliquait le metteur en scène Lee Blakeley pour décrire les raisons qui l’ont poussé à travailler sur la comédie musicale de Cole Porter. Et après ce que le public luxembourgeois a pu voir ce week-end au Grand Théâtre, on ne peut que lui donner raison.
C’est drôle, c’est malin, c’est incroyablement bien joué, bien chanté, bien dansé. Mis à part la scène avec les pizzaïolos qui dansent, on frôle la perfection. Une perfection qui commence dans le livret avec cette double histoire qui ne cesse de s’entremêler entre La Mégère apprivoisée de Shakespeare et celle de la troupe qui joue justement la première de ce grand classique dans une production du Ford’s Theater de Baltimore. Sur scène et derrière la scène, les histoires de couples éclatent, principalement entre Katharina et Petruchio et leurs interprètes, Lili Vanessi et Fred Graham. De Porter on passe à Shakespeare et de Shakespeare à Porter, sans cesse. Et c’est génial ! De la scène on passe aux coulisses, et ça, pour les amateurs de théâtre, c’est un cadeau.
Du XVIe siècle on passe au milieu du XXe, ce qui n’est pas sans donner quelques anachronismes amusants. Et cela sans oublier l’un ou l’autre clin d’œil à aujourd’hui, entre autres dans la scène finale, que la production a eu la présence d’esprit de moderniser pour casser la misogynie du livret. Si on ajoute à tout ça une musique entraînante, des chorégraphies explosives, des voix exceptionnelles et un humour constant aussi bien dans la trame générale que dans le détail – allant jusqu’à l’affiche lumineuse du «Ford Theater» qui perd son «t» pour devenir «heater» (chauffage) juste pendant une scène où les comédiens se plaignent de la chaleur, on ne peut qu’applaudir la trouvaille. Et que dire du défilé de reines de beauté entre les anciennes conquêtes de Petruchio ? On applaudit encore.
Car oui, on applaudit beaucoup tout au long des 2h25 de représentation. Ça swingue, ça saute, ça casse, ça crie. On ne s’ennuie pas une seconde ! Qu’on aime ou pas les comédies musicales, ce Kiss Me, Kate vaut vraiment le détour.
Pablo Chimienti