Le cinéaste britannique Ken Loach a dû se défendre d’être antisémite et négationniste après des accusations portées par des universitaires et des représentants de la communauté juive de Belgique, auxquels le Premier ministre belge Charles Michel est venu ajouter sa voix.
La polémique a éclaté à l’approche de la cérémonie, prévue pour jeudi en fin de journée, au cours de laquelle Ken Loach doit se voir remettre, avec d’autres personnalités, les insignes de « Docteur Honoris Causa » de l’Université libre de Bruxelles (ULB).
Mercredi soir, Charles Michel a alimenté cette controverse au cours d’une visite à la Grande synagogue de Bruxelles. Le dirigeant libéral francophone a regretté à mots couverts, au nom du combat contre l’antisémitisme, ces honneurs rendus au cinéaste, double Palme d’Or à Cannes. « Notre fermeté doit être totale. Aucun accommodement avec l’antisémitisme ne peut être toléré. Quelle que soit sa forme. Cela vaut aussi pour ma propre alma mater », a affirmé Charles Michel.
Une allusion à l’ULB – où cet avocat de profession a étudié le droit -, et donc à cette cérémonie de jeudi très contestée par des associations juives. En cause, selon l’ULB, des propos tenus par Ken Loach dans une interview en septembre 2017 à la BBC, en marge d’un congrès du parti travailliste au Royaume-Uni. A la question de savoir si nier l’Holocauste était acceptable, le cinéaste engagé à gauche avait répondu : « Toute l’histoire est notre patrimoine commun à discuter et à analyser. La fondation de l’État d’Israël, par exemple, fondée sur le nettoyage ethnique, est là pour que nous en discutions ».
Accusé de « falsifier l’histoire »
Dans une tribune signée par 650 personnalités mardi dans le quotidien belge L’Echo, Ken Loach est accusé de « falsifier l’histoire à des fins politiques » en évoquant la collaboration de certains dirigeants sionistes avec les Nazis à Budapest en 1944, sujet central d’une pièce de théâtre dans les années 1980.
Face à l’émotion suscitée en Belgique, l’ULB – haut lieu de la libre pensée – a dû préciser cette semaine qu’elle rendait hommage à l’ « œuvre militante » du cinéaste, ses positions politiques « relevant de sa liberté d’expression et n’engageant pas l’université ». Celle-ci lui a aussi demandé de « réitérer ses positions sans équivoque », ce qu’il a accepté de faire dans un communiqué.
« Je comprends que mes prises de position ne sont pas très connues à Bruxelles. Pour éviter toute ambiguïté, je tiens à déclarer, une fois pour toutes, que je condamne toute forme de déni de l’Holocauste ou ‘négationnisme’ comme vous le dites en français », a écrit Ken Loach. « En outre, toute ma vie, j’ai pris parti pour ceux qui sont persécutés et marginalisés et me dépeindre comme antisémite simplement parce que j’ajoute ma voix à ceux qui dénoncent la détresse des Palestiniens est grotesque », a-t-il ajouté.
Le Quotidien/AFP