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Jurassic World rate le reboot de Jurassic Park


Gentils, gentils, gentils... (Photo Universal)

Vingt ans après Jurassic Park, Jurassic World tente de refaire le coup des méchants dinosaures. Sauf que le reboot ne vaut pas l’original et se fait dévorer par le vieux T. Rex de papy Spielberg.

Il était attendu, ce Jurassic World, vingt-deux ans après le premier Jurassic Park, réalisé par Steven Spielberg. Tant attendu que les distributeurs français et luxembourgeois n’ont pas hésité à lui réserver plusieurs salles. En 2D, en 3D, en version originale, en français, il y en a pour tous les goûts. Mais ce tapis rouge est-il vraiment mérité ? On peut en douter, tant le film manque de cachet. Autant Jurassic Park était à son époque une révolution, autant son reboot n’est qu’une superproduction sans âme.

En 1993, les dinosaures de Steven Spielberg étaient une révolution. Jamais les images de synthèse n’avaient alors atteint un tel niveau de réalisme. Mais le futé réalisateur des Dents de la mer ne s’était pas laissé envouté par l’ordinateur. Il avait joué de l’attente des spectateurs, joué de ses peurs en suggérant beaucoup les monstres plutôt qu’en les montrant. En 2015, l’image de synthèse est partout, même dans des films qui n’en ont pas besoin. On ne trépigne plus à l’idée de voir un dinosaure plus vrai que nature à l’écran. C’est ce qu’a oublié le réalisateur et les scénaristes de ce Jurassic World.

Une manipulation génétique ratée

Ils ont cru qu’il leur suffisait de refaire Jurassic Park pour s’assurer un succès critique. Le succès public est là, forcément, car la marque en était la garantie. Pour le reste, le scénario est à peine différent de celui de Jurassic Park : une île, des chercheurs, et des dinosaures en liberté qui sèment la terreur. Mais au huis-clos oppressant de Jurassic Park, Colin Trevorrow préfère le grand spectacle, mi-film catastrophe, mi-film de guerre.

Comme si modifier l’ADN de Jurassic Park suffisait à le rendre meilleur. Ce Jurassic World est juste boursouflé, ampoulé et perd toute crédibilité dans ses excès. Il est amusant de voir dans ce film une illustration de la dérive d’Hollywood, qui croit que 3D et images de synthèses suffisent quand le cinéma reste avant tout l’art de la narration et de la patience. Jurassic World n’a de cesse de citer Jurassic Park, triste aveu de son impuissance.

Oui, Steven Spielberg faisait déjà mieux en 1993, peut-on lire dans certains plans, comme lors du final. Et ce n’est pas le ridicule ersatz de T. Rex qui sert de monstre à ce film qui fera oublier l’original, terrifiant et touchant à la fois. Sans humanité, sans idées, ce Jurassic World sombre dans la série Z à griffes acérées. Quant à la distribution, du triste Chris Pratt à l’énigme Omar Sy, elle ne sait pas quoi faire pour sauver ce qui peut l’être. Toujours à l’affiche, on préférera mille fois le reboot de Mad Max.

Christophe Chohin

Jurassic World, de Colin Trevollow. Action (2h04), avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Omar Sy…