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Joy, un « feel good movie » à toute vapeur


Le duo de choc d'Hollywood – le réalisateur David O. Russell et la comédienne Jennifer Lawrence – est de retour en salle, après Silver Linings Playbook (2012) et American Hustle (2013) avec Joy, «feel good movie» sur la vie aux allures de rêve américain de Joy Mangano, paumée sans le sou devenue milliardaire grâce au téléachat.

Avec Joy, David O. Russell propose une chronique sur une femme qui veut, à tout prix, réussir. Un film «feel good» taillé pour récolter des Oscars.

De temps à autre, le cinéma aime les portraits de femme. Il y eut Norma Rae (1979), Tina (1993) ou encore Erin Brockovich (2000), toutes des femmes qui se sont battues pour prendre leur destin en main. Et c’est le cas aussi avec Joy, le nouveau film de David O. Russell connu et reconnu pour Silver Linings Playbook et American Hustle.

Pour son nouveau film, David O. Russell s’est inspiré du destin aux allures de rêve américain de Joy Mangano. On est dans les années 1990, en présence d’une mère de deux enfants –  elle est divorcée, n’a pas un dollar, vit dans une maison à la tuyauterie en fin de course où elle héberge ses parents ainsi que son ex-mari. Pour s’en sortir, Joy est persuadée d’avoir trouvé la solution miracle  : la «Magic Mop», une serpillière qui permet de nettoyer le logis en un tournemain. Et avec cette «Magic Mop», Joy (qui inventera également le balai à vapeur et les cintres antidérapants) va devenir une reine du téléachat, et la working class girl, une millionnaire –  son empire a été estimé à un milliard de dollars! C’est bien le rêve américain…

Trente ans de succès

Le film court sur 30 ans  : on verra son personnage de Joy grandir de l’âge de 10 à 40 ans. Sur l’écran, on retrouve la méthode Russell  : la vision d’un simple détail déclenche de nouvelles scènes… Et pour s’assurer d’être bien compris de ses acteurs principaux, il a fait à nouveau appel à son trio d’acteurs fétiches : Jennifer Lawrence, Robert De Niro et Bradley Cooper. « Ça m’a permis de leur proposer des personnages aux caractères inédits », dit encore David O. Russell qui a su boucler son film de façon inattendue  : plutôt que de s’étendre sur la réussite d’une entrepreneuse, il a opté pour l’examen des conséquences d’une vie de sacrifices.

Joy est, selon le réalisateur et l’actrice principale, une déclaration d’amour à la création et aux femmes. Pour les deux, c’est plus un film sur la féminité que sur le féminisme. Alors, oui, on reconnaîtra à David O. Russell d’avoir su éviter le discours pompeux sur le féminisme qui aurait pu transpirer de ce biopic. Mais s’il peut paraître enlevé, étincelant et brillant par sa réalisation pétillante, le film souffre d’une grande faiblesse du scénario.

L’histoire est cousue de fil blanc –  comme s’il n’y avait d’autre solution que de proposer un film sorti d’un catalogue marketing. On aurait pu avoir un film montrant que la fierté d’être une femme qui se bat importe plus que la réussite. Mais, respectueux d’un genre qu’outre-Atlantique on appelle le «feel good movie», David O. Russell laisse l’impression d’avoir joué «petit bras» –  même s’il s’est bien amusé avec quelques astuces de réalisation dont des mouvements aériens de caméra sophistiqués.

Serge Bressan

Joy , de David O. Russell (États-Unis, 2  h  04), avec Jennifer Lawrence, Robert De Niro, Bradley Cooper, Edgar Ramírez, Isabella Rossellini…