De Johnny Hallyday à Pierre Perret en passant par Barbara, Eddy Mitchell, Henri Salvador, Michel Sardou ou Dalida, il y a plus ou moins de réussite et d’originalité dans la série d’albums hommage sortis cet automne.
Pas grand chose de Johnny
On a tous quelque chose de Johnny, sorti vendredi et suscitant toutes les curiosités, au moment où la star de 74 ans se bat contre le cancer et a dû être hospitalisée. D’abord réfractaire au projet, Johnny Hallyday a fini par donner son accord, à la condition que ce ne soient pas ses amis proches qui reprennent ses tubes, mais de plus jeunes artistes.
Qu’ont-ils donc de Johnny, les seize interprètes (Biolay, Louane, Bruel, Garou, Calogero, Kendji…) ? Pas grand chose. Ni sa puissance vocale, ni son timbre, ni même son émotion. Se distinguent toutefois Benjamin Biolay, qui confère une sensualité « gainsbourgeoise » à Retiens la nuit et FFF qui diffuse son funk sur Les coups, rendant justice à Uptight, l’originale de Stevie Wonder.
De l’inattendu chez Eddy Mitchell
Dans La même tribu, paru il y a une semaine, Eddy Mitchell a décidé d’inviter d’autres artistes à reprendre ses tubes en duo. Où l’on retrouve ses « vieilles canailles » Johnny Hallyday et Jacques Dutronc, ses autres copains Alain Souchon, Renaud, et quelques invitées inattendues comme le duo Brigitte ou sa fille, Maryline Moine.
De tous les duos, c’est Un portrait de Norman Rockwell avec Christophe qui tire son épingle du jeu. Un jeu auquel s’est pris Eddy Mitchell, puisqu’un deuxième volume est en route. Pascal Obispo, Maxime Le Forestier, Laurent Voulzy sont annoncés.
Barbara bien servie
Pour les 20 ans de sa disparition, Barbara fait l’objet de plusieurs albums de reprises. Trois d’entre eux sortent du lot. Depardieu chante Barbara, sorti au printemps, est le plus réussi. Le monstre du cinéma français parvient à rendre un vibrant hommage à « la grande dame brune » qu’il admirait passionnément, en misant tout sur son émotion pour mieux la transmettre. Elles & Barbara avec uniquement des femmes au micro, est également réussi, chacune évitant de se hisser au niveau du chant de Barbara, à l’image d’Angélique Kidjo qui teinte de rage Le soleil noir. Le pianiste Alexandre Tharaud a lui sorti un double disque remarquable, sur lequel Dominique A excelle particulièrement par sa précision et son vibrato sur Cet enfant-là.
Sardou content
Sardou et nous…, sorti en octobre, convoque les Kids United. Cette fois les cinq enfants de 12 à 17 ans s’attaquent au répertoire de Michel Sardou. Et l’intéressé a « beaucoup aimé », a-t-il affirmé. « Leur version de Rouge m’a foutu par terre. Ils l’ont faite en tempo lent. J’avais la chair de poule ».
Salvador, Perret et Dalida, promesses déçues
Henri Salvador a 100 ans, également sorti en octobre, est confectionné par Louis Chedid, déjà aux baguettes pour Brassens sur parole(s) (2016) où il n’invitait que des comédiens. Ici, la famille Chedid est au complet : -M- reprend Blouse du dentiste, sa sœur Nach chante Faire des ronds dans l’eau. Où l’on constate qu’il est guère aisé de chanter Salvador. Du coup c’est un comédien, François Morel qui s’en sort le mieux sur Moi j’prends mon temps.
La tribu de Pierre Perret, paru en octobre, est menée par les Ogres de Barback, qui ont réuni des artistes venus d’horizons géographiques et musicaux différents (Féfé, Magyd Cherfi, Olivia Ruiz…). Malgré son caractère métissé, le projet convainc peu.
Dalida by Ibrahim Maalouf est sorti vendredi. Le trompettiste a embauché des voix célèbres (-M-, Mika, Izia) pour reprendre, sans les paillettes, les standards de Dalida. Pas de frissons toutefois à l’horizon, sinon J’attendrai porté par Melody Gardot.
Le Quotidien/AFP