Sorti à la fin de l’été, Until Dawn réussit à nous filer la frousse en dépit de son statut assumé de film d’horreur pour ados.
C’était il y a un an. Pour la première fois, nous avions pu mettre les mains sur Until Dawn via un long passage entre Ashley et Chris, deux des huit personnages du jeu. Une scène aux relents très adolescents, avec une fille chouinant continuellement à chaque porte qui claque, qui s’ouvre, ayant peur d’un cheval en bois, d’une maison de poupée ou d’un fantôme prenant un malin plaisir à passer dans le dos de son compagnon sans, bien sûr, que celui-ci ne s’en aperçoive.
Cela c’était fini avec un choix à faire, les deux s’étant retrouvés ligotés à une chaise sous une scie circulaire et sous le regard d’un dégénéré faisant régner la terreur dans un chalet en montagne. Se sacrifier pour sauver son amie ? La tuer d’une balle dans la tête pour sauver sa propre peau ? C’est le genre de dilemme avec lequel s’amuse le jeu de Supermassive Games. Cette scène est bien sûr toujours présente dans la version finale et occupe même un rôle central.
Mais si Until Dawn utilise la plupart des codes du slasher movie, genre « Souviens-toi l’été dernier » ou « Scream », avec son groupe de jeune venu s’amuser dans ce chalet un an après un drame qu’ils ont vécus, son ambiance est finalement moins adolescente qu’on l’aurait cru, plus angoissante et au final bien plus convaincante. A la manière d’un Resident Evil, les développeurs jouent sur les premiers plans pour faire monter le stress, pour mieux nous faire sursauter ou pour mieux mettre un indice en évidence.
Ce n’est pas vraiment une surprise compte tenu de ce style de jeu, du même tonneau qu’un The Order : 1886 ou d’un Beyond : Two Souls : l’action relève plus de la mise en scène que de notre propre dextérité de joueur. Comme ses devanciers, Until Dawn ne demande que de presser une touche ou une série de touches au bon moment pour faire avancer le scenario. Cela demande à ce que celui-ci soit suffisamment haletant pour nous maintenir sous pression. C’est le cas.
Supermassive Games réussit à créer une ambiance oppressante sans oublier, comme avec cette fameuse scène entre Chris et Ashley, d’y mêler ces réactions de jeunes gens apeurés, parfois exagérées mais pleinement assumées par le créateur du jeu, lesquelles passent beaucoup mieux compte tenu du niveau d’angoisse généré par la trame.
Le développeur impose ainsi un rythme lent (impossible de courir, juste de marcher un peu plus vite) afin de mieux jouer avec le contraste entre les moments de calme oppressant et la soudaineté d’une apparition effrayante.
Until Dawn joue aussi avec nous, joueur, entre chaque chapitre, en nous plaçant dans le fauteuil d’un psy incarné par Peter Stormare (Fargo, Prison Break, Minority Report). C’est d’ailleurs l’un des points forts du titre et désormais chose courante, celui-ci s’appuie sur le travail d’acteurs.
Hayden Panettiere (Heroes, Scream 4) pour Sam, Rami Malek (The Pacific, Mr. Robot) pour Josh, Brett Dalton (Marvel : Les Agents du SHIELD) pour Mike… Si on peut regretter le manque d’émotions transparaissant sur les visages lors de certaines scènes, ceux-ci bénéficient tout de même d’un soin particulier à l’image du titre en général. Mais en fonction des choix effectués, vous ne les verrez pas tous se sortir de cette nuit d’horreur…
Raphaël Ferber
Ce qu’on a aimé
- Les dialogues qui sonnent « vrai »
- L’ambiance générale
- Certains plans magnifiques
Ce qu’on n’a pas aimé
- Une synchronisation labiale à la ramasse
- Des visages manquant parfois d’émotions