Pionnier de l’underground new-yorkais, l’artiste Jean-Michel Basquiat est à l’honneur à partir de jeudi à Londres d’une rétrospective exceptionnelle de la Barbican Art Gallery, qui réunit une centaine de ses oeuvres.
Devenu récemment l’artiste américain le plus cher de l’histoire, le peintre, mort d’une overdose à l’âge de 27 ans le 12 août 1988, a influencé nombre d’artistes contemporains comme Jay Z, Kanye West ou ASAP Rocky.
« Ses oeuvres peuvent quasiment provoquer l’hystérie. Une fois que vous êtes séduit, il n’y a plus de retour en arrière possible », déclare à l’AFP Eleanor Nairne, la conservatrice de l’exposition, la première de cette envergure consacrée à l’artiste au Royaume-Uni. « Son travail est vraiment impressionnant: aérien, libre », ajoute-t-elle.
Signe que le succès ne faiblit pas, son tableau « Untitled » s’est vendu en mai pour 110,5 millions de dollars à New York, soit 5.800 fois son prix d’achat de 9.000 dollars en 1984.
Les pièces exposées au Barbican révèlent un artiste profondément influencé par la culture pop, le jazz, le peintre Léonard de Vinci ou encore Henri Matisse.
Le peintre, qui dans ses oeuvres a recours à des combinaisons de mots, signes et pictogrammes, a exploré des thèmes comme le capitalisme, les inégalités, le racisme, la mortalité et l’identité.
‘Début de l’âge de l’information’
Pour Eleanor Nairne, Jean-Michel Basquiat n’a pas seulement révolutionné l’art contemporain mais a également eu un impact sur l’industrie de la mode et les médias.
Né à Brooklyn (New York) en 1960, cet autodidacte s’est également passionné pour la musique, jouant dans un groupe qui s’est produit sur la même scène que des légendes comme le groupe Blondie ou encore les Ramones, et l’utilisation de motifs hachés dans ses oeuvres fait écho aux techniques utilisées dans le hip-hop.
« C’était un artiste qui avait un appétit insatiable pour l’information », explique Mme Nairne. « Nous devrions penser à cette période comme le début de l’âge de l’information ».
« Dans son atelier, il y avait toujours une télévision ainsi que des livres et de la musique. Il était capable de s’inspirer de différents supports ». Depuis sa mort il y a presque trente ans, Basquiat n’avait pas beaucoup été exposé au Royaume-Uni.
Le Barbican a travaillé durant près de trois ans avec des musées internationaux et des collectionneurs privés afin de rassembler les quelque cent oeuvres présentées jusqu’au 28 janvier 2018, dont la peinture « King of Zulu » ou encore des manuscrits de poèmes.
La star britannique du street art, Banksy, a rendu hommage au peintre américain en réalisant en toute discrétion deux oeuvres murales près du Barbican Center, dont il a dénoncé à la même occasion l’opportunisme en écrivant sous l’une de ses deux fresques que c’est un « lieu qui normalement s’empresse de nettoyer les graffitis ».
Le Quotidien / AFP