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Jean Back : 27 ans à la tête du Centre national de l’audiovisuel


Jack Back aime se rappeler la première fois qu'il a entendu le son du cinéma s'échapper d'une des salles du CNA, le Starlight, alors que le bâtiment était encore en travaux. Un moment de grande émotion pour ce cinéphile, après plusieurs décennies sans salle obscure dans l'ancienne Forge du Sud. (Photo : Isabella Finzi)

À 62 ans, Jean Back, le directeur du Centre national de l’audiovisuel, s’apprête à prendre sa retraite. L’occasion de faire le point sur 27 ans d’histoire du CNA.

Le 1er février, Paul Lesch, docteur en sciences de la communication, spécialiste en cinéma et actuellement assistant professeur associé à l’université du Luxembourg, prendra la relève de Jean Back à la tête de l’institution de Dudelange. Rencontre avec le directeur actuel, avant le passage de témoin.

Vous dirigez le Centre national de l’audiovisuel depuis sa création en 1989. Vous vous apprêtez à le quitter à la fin du mois. Comment vivez-vous ces derniers jours de travail?

Jean Back : Je ne veux pas y penser. Je fais mon boulot, je travaille mes différents dossiers, etc. J’essaye de ne pas être dans une ambiance de prédépart avant la date, c’est-à-dire le 1er février, mais je fais mon pot de départ le 28 janvier. Après, c’est certain, je me mets un peu moins de stress.

Ça fait donc près de 27 ans que vous dirigez l’institution. Aujourd’hui, elle est devenue une référence, mais on imagine que ça n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Comment se sont passés les débuts?

Il faut rappeler le contexte, et pour cela, remonter encore quelques années plus tôt. Les années 80 ont été des années propices pour le développement de la culture au Luxembourg. Surtout sous l’impulsion de Robert Krieps (NDLR : ministre des Affaires culturelles de 1984 à 1989). Avec lui, on se sentait vraiment soutenus. Il nous poussait à avoir des idées, des visions d’avenir, à créer de nouvelles choses, à se lancer corps et âme dans de nouvelles aventures culturelles et artistiques. En ce qui me concerne, j’ai vraiment eu carte blanche pour créer des archives audiovisuelles et lancer la production documentaire. À l’époque, on ne demandait pas combien ça allait coûter! On avait enfin compris que le patrimoine audiovisuel était quelque chose de très important. C’est comme ça qu’est née l’idée de créer une infrastructure consacrée à la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine audiovisuel national, qui deviendra, ensuite, le CNA.

Mais pourquoi le CNA a-t-il été installé à Dudelange?

Tout de suite, il a été clair que cette structure ne serait pas installée dans la capitale, mais dans le bassin minier en raison de la crise sidérurgique qui y sévissait à l’époque. Après, si le Centre s’est installé à Dudelange, ça a été un hasard, c’est juste parce qu’il y avait un bâtiment de libre, l’ancien pensionnat de la Doctrine chrétienne. C’était des locaux pas du tout pratiques, mais c’est là que ça a commencé, qu’on a installé les premiers équipements, le premier studio son, le premier laboratoire photographique et même un embryon de bibliothèque consacré aux films, à la télévision et à la photo. C’est là aussi que le film Schacko Klak (NDLR : de Frank Hoffmann et Paul Kieffer, d’après le roman de Roger Manderscheid) a été monté, dans l’ancien lavoir des sœurs. C’était le tout premier film soutenu de manière substantielle par l’État.

Comment s’est passée votre nomination à l’époque?

J’ai eu beaucoup de chance. Après neuf années passées au ministère de la Famille, je voulais changer. Et au même moment, en 1986, il y avait une place au ministère de la Culture. Comme j’étais parmi les candidats celui avec le plus grand CV artistique, j’ai eu la place.

Il faut dire qu’à l’époque, vous aviez déjà lancé une galerie photo à Dudelange.

Oui, avec les amis du photo-club on avait, effectivement, lancé la galerie Nei Liicht en 1982 qui était le premier, peut-être le deuxième, lieu au Luxembourg à être consacré exclusivement à l’art photographique. À l’époque déjà, on sentait que les choses bougeaient au niveau de l’image, qu’il fallait sortir du carcan purement amateur, regarder au-delà des frontières et importer des choses intéressantes. On y a exposé de grands noms comme Jeanloup Sief, Jean Dieuzaide, Jan Saudek… Nous avons même invité des photographes étrangers à Dudelange pour faire des ateliers.

Entretien avec notre journaliste Pablo Chimienti

Retrouvez l’intégralité de l’interview du lundi dans Le Quotidien papier de ce lundi.