Accueil | Culture | Jane Austen, une passion éternelle

Jane Austen, une passion éternelle


À Bath, où elle a vécu et où deux de ses romans se déroulent, Jane Austen a sa propre statue de cire. (photo AFP)

Quelle écrivaine peut s’enorgueillir d’avoir des pins et des t-shirts à son effigie ? L’Anglaise Jane Austen connaît, 250 ans après sa naissance, une popularité hors pair et continue de captiver les professeurs de littérature.

En 2025, les fans ne seront pas à court d’événements célébrant Jane Austen, née le 16 décembre 1775. En septembre, le festival Jane Austen verra des centaines de personnes en costume d’époque défiler dans les rues de Bath, dans le sud-ouest de l’Angleterre, où l’écrivaine a vécu quelques années et où se déroulent l’action de deux de ses romans.

Il y aura aussi des bals, sur le thème de ses livres, pour lesquels les billets, à près de 200 euros, se sont arrachés. La BBC a diffusé début février une énième série consacrée à l’écrivaine, Miss Austen, qui s’intéresse à sa sœur Cassandra, laquelle a brûlé les lettres de Jane après sa mort, laissant partir en fumée les secrets de sa vie.

Les six romans de Jane Austen, morte à 41 ans en 1817, se sont vendus à des millions d’exemplaires dans le monde. Son œuvre explore la condition des femmes dans la petite noblesse campagnarde du début du XIXe siècle, où le mariage est une question de survie sociale.

À travers ses héroïnes indépendantes, elle critique les conventions de l’époque. Orgueil et Préjugés, avec le personnage d’Elizabeth Bennet, fait l’objet d’un culte particulier. Cette dernière a même été une source d’inspiration pour Bridget Jones, admet volontiers l’auteure de cette saga, Helen Fielding.

«Histoires captivantes»

Lauren Falconer, guide au Centre Jane-Austen à Bath, incarne d’ailleurs Lizzie Bennet devant les touristes venus du monde entier. «Nous avons des Américains, des Australiens, des Chinois, des Japonais, des Allemands…», dit-elle. Comment explique-t-elle ce succès? «Chacun a son personnage préféré (…) On s’identifie à eux», dit-elle.

«Les histoires sont captivantes. Mes élèves l’aiment beaucoup, particulièrement les filles», explique Maria Letizia D’Annibale, professeure de littérature anglaise à Pescara (centre de l’Italie), venue visiter le centre. «Elle est très connue en Italie, en partie grâce aux films», poursuit-elle.

Moa Aashacka, une étudiante suédoise de 23 ans, raconte avoir d’abord vu le film Pride and Prejudice (Joe Wright, 2005), avec l’actrice Keira Knightley. Puis, elle a lu le livre en suédois. Elle apprécie les personnages féminins, «très forts». Cette étudiante était à Bath pour le week-end de la Saint-Valentin avec son petit ami, qui semble bien moins fan de Jane Austen et qualifie ses livres de «romance» ou d’histoires à l’eau de rose.

«C’est plus que ça. C’est à propos des femmes qui prennent le pouvoir», rétorque Moa, en allant acheter le roman Persuasion à la boutique du centre, qu’elle lira cette fois en anglais. Dans les rayons, on trouve encore un jeu Qui est-ce? avec les personnages de Jane Austen, ou un pin’s avec un cœur «I love Darcy», l’amoureux de Lizzie Bennet.

Romantisme et questions morales

Pour Kathryn Sutherland, professeure de littérature anglaise à l’université d’Oxford, Jane Austen, plus populaire que jamais, est devenue «un phénomène plutôt qu’une simple romancière». Le tournant remonte, selon elle, aux adaptations de ses livres pour la télévision et le cinéma, dès les années 1990, qui donnent la part belle «aux beaux décors, beaux costumes, aux bals».

Dans les films, les héros sont beaux alors que dans les livres, «ils ne sont pas particulièrement sexy», relève la professeure. «Tout cela transforme les films en quelque chose que les livres de Jane Austen ne sont pas, quelque chose de plus romantique, alors que son œuvre s’intéresse à des questions morales plus larges», explique-t-elle.

Jane Austen est «accessible tout en étant de la grande littérature. On peut lire ses livres plusieurs fois et toujours y trouver quelque chose de nouveau», assure Kathryn Sutherland. Comme pour tous les spécialistes de l’autrice, son année s’annonce chargée. La professeure sort un livre sur l’écrivaine à travers des objets (Jane Austen in 41 Objects) et prépare une exposition à Oxford intitulée «Danser avec Jane Austen», qui comprendra notamment des costumes de films et des manuscrits dans lesquels l’écrivaine décrivait un bal.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .