L’internet mondial est actuellement visé par une vague d’attaques informatiques d’une ampleur inédite, qui consistent à modifier les adresses des sites internet pour les pirater, a alerté vendredi l’organisme international qui attribue les adresses internet (ICANN).
Selon des experts extérieurs à l’ICANN, les pirates ciblent aussi bien des gouvernements que des services de renseignements ou de police, des compagnies aériennes ou l’industrie pétrolière et ce, au Moyen-Orient ou en Europe.
Ils « s’attaquent à l’infrastructure internet elle-même », a indiqué vendredi David Conrad un des responsables de l’ICANN, qui évoque une campagne « inédite à très grande échelle », qui s’est extraordinairement intensifiée très récemment. « Il y a déjà eu des attaques ciblées mais jamais comme ça », a-t-il ajouté après une réunion d’urgence de l’organisation vendredi. Pour l’essentiel, ces attaques consistent « à remplacer les adresses des serveurs » autorisés « par des adresses de machines contrôlées par les attaquants », a expliqué l’organisme. Ce qui permet aux pirates de fouiller dans les données (mots de passe, adresses mail etc.) sur le chemin voire de capter complètement le trafic vers leurs serveurs.
Basé en Californie, l’ICANN gère le système des noms de domaines en ligne que le grand public connaît sous formes d’adresses de sites en .com ou .lu mais aussi .gov etc. par exemple. C’est précisément au système des noms de domaine (« Domain name System », DNS) – qui permet de relier un ordinateur à un site internet – que s’attaquent les pirates, non identifiés. Ces noms fonctionnent un peu à la façon des opératrices téléphoniques d’antan, qui connectaient les interlocuteurs entre eux en branchant des câbles sur un circuit.
«Quelqu’un qui ment sur votre adresse, lit votre courrier»
Les attaques contre les DNS, surnommées « DNSpionnage », « c’est en gros comparable à quelqu’un qui va au bureau de poste, ment sur votre adresse, lit votre courrier puis le met lui-même dans votre boîte aux lettres », expliquait aussi il y a peu les ministère américain de la Sécurité intérieure (DHS) à propos de ces attaques, dont les premières remontent semble-t-il au moins à 2017.
Avec l’intensification récente des attaques, l’ICANN « estime qu’il y a un risque en cours important sur des parties importantes de l’infrastructure des noms de domaine », a-t-il dit vendredi, appelant les responsables informatiques à prendre des mesures adéquates.
Les attaques informatiques, de toute ampleur et de toute nature, se multiplient à une vitesse exponentielle ces dernières années. Selon les experts, les pirates appartiennent le plus souvent à deux catégories principales : des individus ou des groupes de « hackers » qui veulent gagner de l’argent (rançongiciels, revente de données personnelles sur la partie cachée d’internet surnommée +darknet+…) ou bien des États, qui souhaitent espionner d’autres pays et/ou y semer des dissensions politiques.
AFP