Le Tour de France en 14 jours, près de 8 000 kilomètres au compteur… confiné dans son séjour de 14 mètres carrés, l’ultra-triathlète Pascal Pich pédale comme un forcené pour récolter du matériel pour le personnel soignant mobilisé contre le nouveau coronavirus.
À Savignargues, petit village gardois à mi-chemin entre Alès et Nîmes, Pascal Pich n’est pas un confiné comme les autres. Quintuple champion du monde d’ultra-triathlon, sport d’endurance extrême combinant natation, vélo et course à pied sur de très longues distances, il cavale des heures durant sur un home trainer, un vélo statique installé sur des rouleaux.
« Le kilométrage est assez monstrueux, mais ça n’a rien d’exceptionnel. Ce qui est exceptionnel, c’est de le faire tout seul et enfermé. L’idée c’est juste de pédaler », raconte Pascal Pich. Il le fait pour la bonne cause : l’un de ses partenaires commerciaux s’est associé à ses défis et fournit aux soignants du matériel (machines à café, micro-ondes, tables de ping-pong). Plus les gens « likent » sur sa page Facebook officielle, où il tient deux à trois « lives » par jour, plus il y a du matériel pour le personnel médical.
« Cent machines ont été amenées au personnel soignant dans 28 hôpitaux différents », se réjouit Pascal Pich. Tout a commencé la première semaine du confinement. Il a cherché comment aider le personnel soignant, en première ligne face à la pandémie de Covid-19. « Chacun fait comme il a envie, et moi j’ai envie de pédaler, alors je pédale. Ce que les autres pensent, j’en ai rien à faire. C’est aussi débile d’être dans son salon devant sa télé à se coller des binouzes », lâche l’athlète, qui a reçu le soutien de plusieurs personnalités de la télé, comme Michel Drucker ou Cyril Hanouna, et de la chanteuse Fabienne Thibeault.
« Je commence à être un peu cramé »
Son premier défi : courir l’équivalent des 21 étapes du Tour de France en 14 jours, sans jamais bouger de chez lui. Soit 3 471 km parcourus. Après une petite semaine de récupération, il est retourné sur son vélo stationnaire pour 54 heures de course sur 6 jours, l’équivalent d’une semaine de travail pour les médecins. Et depuis le 24 avril, il pédale en « 3×8, comme les équipes médicales », soit « huit heures de pédalage, huit heures de récup ». Ce vendredi, il aura atteint son objectif de 88 heures de vélo en 7 jours, en parcourant sur chaque session de huit heures entre 250 et 320 km.
Au total, il aura donc parcouru 8 000 km, seul dans son petit séjour avec pour seul horizon sa véranda où sèchent ses tenues de sport. « Je suis tout seul dans l’appartement. C’est hyper dur à gérer parce que je suis enfermé dans une pièce qui fait 14 mètres carrés à peu près. Il y a très peu d’air », dit le détenteur de plusieurs records du monde, dont celui des 6 jours sur un vélo stationnaire (3 165 km) signé en mai 2018. Autour de lui, un chrono semblable à ceux qui affichent les records lors des grands rendez-vous d’athlétisme, un ordinateur et un écran télé où il peut regarder des films.
« J’espère pour tout le monde que ce sera le dernier défi. Parce que je commence à être un peu cramé, parce que ça voudra dire qu’on aura avancé quand même par rapport à ce virus. Et que le personnel soignant est un peu plus relâché », espère-t-il.
LQ/AFP