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« Illusions perdues » fait la course en tête pour les 47e César


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Adaptation enlevée du grand roman de Balzac, fresque acide sur la presse et ses dérives, le film « Illusions perdues » fait figure de favori pour les César 2022, qui devront redorer l’image de cette institution et faire oublier la pandémie.

Les nominations pour les prix les plus prestigieux du cinéma français ont été annoncées mercredi, ce film de Xavier Giannoli faisant la course en tête avec 15 nominations dont le meilleur film et la meilleure réalisation.

Son acteur principal, Benjamin Voisin, découvert dans « Été 85 », est nommé dans la catégorie « meilleur espoir masculin », où il concourait déjà l’an dernier.

D’ici à la cérémonie du 25 février, la course reste ouverte pour succéder à « Adieu les Cons » d’Albert Dupontel, qui avait triomphé l’an dernier avec sept statuettes.

Derrière l’adaptation du grand roman balzacien sur l’émergence de la presse, à la fois classique et très contemporain par les thèmes qu’il aborde, les membres de l’Académie ont placé l’opéra-rock « Annette » de Leos Carax (11 nominations), présenté au Festival de Cannes.

Le film vaut une nomination comme meilleur acteur à la star américaine Adam Driver, qui côtoie dans sa catégorie Benoît Magimel, Vincent Macaigne ou Pierre Niney, mais pas à son actrice principale, Marion Cotillard.

Trois réalisatrices

Pour compléter ce trio de tête, « Aline », le biopic de Valérie Lemercier consacré à Céline Dion, dans lequel cette grande fan de la star québécoise donne le meilleur d’elle-même, décroche dix nominations, dont logiquement la meilleure actrice, aux côtés de Léa Seydoux ou Laure Calamy, à nouveau nommée après avoir remporté le titre l’an dernier.

Dans la catégorie reine du « meilleur film », outre les trois films placés en tête, les membres de l’Académie ont également plébiscité « BAC Nord » de Cédric Jimenez, sur les dérives policières dans les quartiers Nord de Marseille, « L’évènement » d’Audrey Diwan, adaptation d’un roman d’Annie Ernaux sur l’avortement qui a décroché le Lion d’Or à Venise, « la Fracture » de Catherine Corsini sur la France des « Gilets jaunes » ainsi que « Onoda, 10.000 nuits dans la jungle » d’Arthur Harari.

Renouvelée pour répondre aux accusations d’opacité, d’entre-soi et de machisme, l’Académie des César saisira-t-elle l’occasion de montrer qu’elle a changé ?

Une seule cinéaste a reçu jusqu’ici le César de la meilleure réalisation : Tonie Marshall en 2000 pour « Vénus Beauté (institut) ». Trois sont nommées cette année (Valérie Lemercier, Audrey Diwan et Julia Ducournau, qui a décroché la Palme d’Or à Cannes pour « Titane ») pour quatre hommes (Leos Carax, Cédric Jimenez, Xavier Giannoli et Arthur Harari).

Pour tous ces films, des César pourraient faire office de lot de consolation après une année où le cinéma français a pu briller en festival mais a souffert en salles, en raison de la pandémie et de la fermeture des cinémas jusqu’en mai.

Désamour

Au-delà des films, la 47e cérémonie officielle devra faire oublier les naufrages des précédentes éditions.

En 2020, à l’apogée d’une crise interne, Roman Polanski, accusé de viol, était sacré meilleur réalisateur pour « J’accuse », provoquant le départ de la cérémonie de l’actrice Adèle Haenel. L’image est devenue l’un des symboles de la lutte contre les violences sexuelles et pour l’égalité dans le milieu du cinéma.

Malgré un profond renouvellement, la cérémonie de l’an dernier, marquée par un happening pro-intermittents du spectacle de l’actrice Corinne Masiero nue sur scène, a fait un flop d’audience (1,6 million de spectateurs). Et suscité un torrent de critiques déplorant le nombrilisme du monde du cinéma en pleine pandémie.

Cette année, les organisateurs ont misé sur des valeurs sûres, avec Antoine de Caunes, un habitué de l’exercice, comme maître de cérémonie et la scénariste et réalisatrice Danièle Thompson en présidente.

Mais ils auront fort à faire tant le désamour pour les grandes cérémonies semble croissant, à l’instar des Golden Globes, évincés de la télé américaine. Un sort auquel échappent les César : Canal+, qui cède à partir de cette année sa place au Festival de Cannes à Brut et France Télévisions, a renouvelé son partenariat avec l’Académie jusqu’en 2025.