Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, album mythique des Beatles, fête ses 50 ans. Le disque, aujourd’hui encore, reste révolutionnaire à plus d’un titre.
C’était il y a 50 ans : le 1er juin 1967était dévoilé Sgt. Pepper’s, huitième album des Beatles écoulé depuis à plus de 32 millions d’exemplaires. Un disque révolutionnaire, qui a marqué la musique par son ingéniosité et son avant-gardisme. Un chef-d’œuvre qui, aussi, a fait passer les Beatles du statut de groupe déplaçant les foules d’adolescents à celui de musiciens surdoués, capables de faire naître des tubes aussi expérimentaux que populaires.
Comment Sgt. Pepper’s , qui ne fait pas l’unanimité chez les fans des Beatles – qui lui préfèrent souvent Revolver (1966) ou Abbey Road (1969) – peut-il être considéré comme le meilleur album de tous les temps? Un paradoxe qui trouve sa réponse dans l’histoire, et non dans la discographie des Fab Four.
En effet, dès l’année 1966, quand ils décident de se passer de concerts, trop «bruyants» à leur goût, ils posent alors les bases d’une révolution, qui passera par le confort du studio. Si Elvis ne part plus en tournée, laissant désormais sa Cadillac le représenter (véridique!), pourquoi ne pas faire pareil en imaginant un groupe fictif au nom à rallonge, inspiré de ceux à la mode dans le milieu hippie et du rock dit psychédélique, comme Quicksilver Messenger Service. Les bases de ce qu’allait devenir le Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band…
Comme en témoigne la pochette de l’album, bien à l’abri du tumulte du succès, les Beatles sont devenus des magiciens, faisant de chaque chanson un petit tableau avec sa couleur et sa poésie propres, bien épaulés en cela par George Martin, père et professeur du quatuor qui, pour ce disque, va y aller très fort, à grands coups d’orchestration folle, de bruitages et autres micmacs
sonores audacieux. Un patchwork foutraque, mais étonnamment harmonieux, sorti en juin 1967, qui va faire entrer la pop dans l’âge adulte. Pour la première fois, une production est organisée comme un spectacle, autour d’une idée qui permet toutes les fantaisies.
En outre, deux innovations – la pochette s’ouvre en deux et les paroles des titres sont imprimées – confirment cet émoi musical. Désormais, on écoute un disque de rock seul ou avec ses amis, pour y chercher un sens poétique, voire spirituel, à sa vie. Oui, avant Sgt. Pepper’s , le rock était un simple divertissement. Après Sgt. Pepper’s , il sera une culture – qui, cela dit, mettra encore longtemps à être prise au sérieux…
Voilà, donc, pour le concret. Les foisonnantes anecdotes, elles, appartiennent à l’Histoire. Le réveil de A Day in the Life – sans oublier la grosse fête en forme de session d’enregistrement, avec chapeaux de Saint-Sylvestre obligatoires pour les musiciens de l’orchestre classique invité; la concurrence avec le Pet Sounds des Beach Boys (et la folie mentale de son leader Brian Wilson); les petites histoires de drogue – le morceau Lucy in the Sky with Diamonds sera ainsi mis à l’index à cause de ses initiales (LSD) – les deux chansons sacrifiées ( Penny Lane et Strawberry Fields Forever ), réunies sur un 45 tours sous la pression du label EMI; la réalisation de la pochette et le choix des personnages, fastidieux – 15 jours de travail pour un coût de 3 000 livres, soit 100 fois le budget moyen d’une jaquette; le succès commercial et d’estime; sans oublier les voisins de studio du côté d’Abbey Road, des certains Pink Floyd, enregistrant là leur tout premier album, The Piper at the Gates of Dawn …
On pourrait en dire, encore et encore, sur ce Sgt. Pepper’s , perçu aujourd’hui comme une œuvre d’art à part entière. C’est aussi, selon certains, le dernier album que les Beatles ont fait en tant que groupe uni. Mais ça, c’est encore une autre histoire…
Grégory Cimatti