Des dizaines de milliers d’amateurs de musiques extrêmes font leur pèlerinage à Clisson (Loire-Atlantique) pour la 11e édition du Hellfest, le «Lourdes du metal», qui propose de vendredi à dimanche 160 groupes répartis sur six scènes, dont Rammstein et Black Sabbath.
Avec plus de 162 000 billets écoulés en moins de vingt jours, le Hellfest affiche complet depuis le mois de novembre, avant même que l’affiche ne soit annoncée, «une première dans l’histoire d’un festival en France», soulignent ses organisateurs.
La programmation mêle comme chaque année grands noms et formations montantes, pour beaucoup déjà passés dans cette commune de quelque 6 600 habitants au sud-est de Nantes, en plein cœur du vignoble nantais. Parmi les têtes d’affiche, c’est Rammstein, groupe de metal industriel allemand, qui ouvre le bal vendredi soir, sur l’une des deux scènes principales. Les groupes de heavy metal américain Twisted Sister et britannique Black Sabbath suivront samedi et dimanche, à l’occasion de leurs tournées d’adieux respectives.
Une semaine après avoir fait entendre leurs riffs de guitares sur l’hippodrome de Longchamp à Paris, pour la première édition française du Download Festival, quelques grands crus signeront leur retour à Clisson, Volbeat et Mass Hysteria vendredi, Korn samedi, et Gojira et Megadeth dimanche. Séparés depuis 2001, les Français de Ludwig Von 88 se reformeront samedi sur la scène dédiée au punk et au hardcore, la «Warzone», tout juste réaménagée et redimensionnée. Plusieurs dizaines d’autres concerts de «black metal», «death metal» ou encore «stoner metal» sont programmés sur les autres scènes.
Hommage à « Lemmy »
Né en 2006 sur les cendres du Furyfest, le premier rendez-vous metal et musiques extrêmes imaginé par le patron du Hellfest, Ben Barbaud, dans sa chambre d’adolescent, ce festival organisé depuis dix ans dans sa paisible ville natale s’est imposé en quelques années comme l’un des leaders européens des rendez-vous de musiques metal, punk et hardcore. «Festival de fans pour des fans», le Hellfest accueille «nostalgiques, curieux, locaux et plus de 25% d’étrangers», un «public de passionnés qui n’hésite pas à traverser la France et le monde» pour l’affiche artistique et pour l’ambiance, déclare Ben Barbaud.
«Plus qu’un festival, c’est une expérience à vivre. Il y a tout un état d’esprit, une âme», poursuit-il. Pensé comme un «parc d’attractions» à la gloire du rock, le Hellfest offre à ses festivaliers des «décors dantesques», guitare géante à l’entrée du site, grande roue et sculptures à l’intérieur. Pour cette onzième édition, une statue de quinze mètres de haut représentant Ian «Lemmy» Kilmister, l’ex-leader du mythique groupe britannique Motörhead, décédé d’un cancer en décembre 2015, sera dévoilée au début du festival. Puis un feu d’artifice sera tiré samedi vers minuit en hommage au rocker légendaire, venu plusieurs fois en territoire nantais.
Cette «esthétique particulière, un peu provocante» a pu «agacer une certaine partie de catholiques intégristes ou même d’autres», convient Ben Barbaud, qui oppose à cette «théâtralisation le comportement exemplaire des festivaliers». «En l’espace de onze ans, il n’y a eu aucun incident, aucune messe noire, aucun égorgement d’enfants», lance-t-il. La dernière polémique en date, née de la décision des organisateurs de ne pas déprogrammer le groupe Down, en dépit d’un dérapage raciste de son chanteur Phil Anselmo – qui a finalement annulé sa tournée européenne -, a mis fin à un partenariat de dix ans avec la région Pays de la Loire, qui subventionnait le festival à hauteur de 20.000 euros.
Sans conséquence, assure Ben Barbaud, sur la survie du festival, une «grosse machine» qui réalise désormais «18 millions d’euros de chiffres d’affaires» et pèse «46 millions d’euros de flux financiers à Clisson et ses alentours».
Le Quotidien/AFP