Accueil | Culture | Harrison Ford défie le temps en Indiana Jones

Harrison Ford défie le temps en Indiana Jones


Il défie les rides et les nazis : à 80 ans, Harrison Ford a fait l’évènement à Cannes pour l’un des blockbusters familiaux les plus attendus de l’année : Indiana Jones and the Dial of Destiny.

La venue de la légende du cinéma sur la Croisette était l’un des moments les plus attendus du festival. Qui le lui a d’ailleurs bien rendu, en lui décernant une Palme d’or d’honneur-surprise sous les applaudissements, avant la projection de gala. Il était temps : ce cinquième épisode d’Indiana Jones, qui sortira en salles fin juin, marque les adieux de Ford avec l’un de ses personnages fétiches, outre Han Solo dans Star Wars. Celui d’un archéologue au fouet et au chapeau, créé par Georges Lucas et Steven Spielberg en 1981.

Après The Kingdom of the Crystal Skull, le moins apprécié des fans, présenté sur la Croisette il y a quinze ans, le nouveau réalisateur, James Mangold (Ford v Ferrari, Walk the Line), a choisi de jouer la carte de la fidélité à l’univers d’Indiana Jones, capable de se sortir d’une situation périlleuse d’un coup de fouet, mais paralysé face aux animaux rampants. Dès les premières images, c’est un Harrison Ford rajeuni d’une bonne quarantaine d’années qui apparaît à l’écran, témoignant des progrès des techniques de lifting numérique de plus en plus prisées par Hollywood.

Un artifice employé pendant une bonne vingtaine de minutes, le temps d’une séquence d’attaque d’un train nazi, pendant la Seconde Guerre mondiale, en forme d’hommage au cinéma d’aventure d’autrefois. Avant que le film ne retrouve le Pr Jones en 1969, usé, au bord du divorce, à la veille de son départ en retraite. Rien de mieux qu’une nouvelle aventure pour retrouver le moral. Face à lui, Madds Mikkelsen (Doctor Strange, Drunk), l’un des meilleurs méchants du cinéma, incarne le machiavélique Jürgen Voller, un scientifique nazi qui a vendu ses talents en matière de fusées aux États-Unis d’Amérique après la guerre.

Indiana Jones doit l’empêcher de mettre la main sur un cadran antique, mis au point par Archimède, qui lui permettrait de voyager dans le temps et de changer l’issue du conflit mondial. Pour remettre le tout au goût du jour, les producteurs ont misé sur les acolytes d’Indiana Jones, dont un adolescent français propulsé dans ce casting hollywoodien, Ethann Isidore, dans le rôle d’un pickpocket marocain rusé, Teddy. Helena Shaw, la filleule de l’archéologue, jouée par Phoebe Waller-Bridge (Fleabag), est chargée d’apporter une touche de féminisme à l’écran, une mission que cette Britannique avait déjà remplie dans le dernier James Bond, côté scénario cette fois.

Dans le film, elle va bousculer le vieil aventurier, n’hésitant pas à le traiter de «voleur de tombes vieillissant». Mais Harrison Ford, légende du cinéma, «est encore tout à fait en forme», a salué le réalisateur. Suffisamment en tout cas pour enchaîner sans trembler une chasse au trésor sous-marine au large de la Sicile, une course poursuite en tuk-tuk dans les ruelles de Tanger ou une cavalcade effrénée dans le métro de Manhattan. Un menu copieux pour un film de 2 h 34, le plus long de la série, témoignant d’une tendance inflationniste dans nombre de blockbusters récents. «Vous savez, il y a des équipes tellement importantes qui travaillent sur ces films, que les dix dernières minutes sont juste le générique!», tempère dans un sourire le réalisateur.

De quoi contenter les fans, espère Disney, qui a mis la main sur la saga en même temps que sur Star Wars en rachetant Lucasfilm en 2012. La présentation de ce film, promis depuis la pandémie, est pour la firme aux grandes oreilles l’un des plus gros paris de l’année. L’an dernier, le festival de Cannes avait porté chance à un autre film  évènement, Top Gun : Maverick, qui a ensuite triomphé dans les salles du monde entier et rapporté près de 1,5 milliard de dollars.

Indiana Jones and the Dial of Destiny,  de James Mangold.
Sortie le 28 juin.

C'est qui en fait, Indiana Jones?

Dès la sortie en 1981 de Raiders of the Lost Ark, Indiana Jones s’est imposé comme un personnage emblématique de la culture populaire, se classant sur le podium des plus grands héros et méchants du cinéma. En quatre décennies, il est aussi devenu le héros de téléfilms, romans, BD, jeux vidéo, jouets et même de parcs d’attraction. Voici six choses à savoir sur l’archéologue au fouet, incarné par Harrison Ford.

Né sur une plage de Hawaï 

Marqué par les héros de série B de son enfance, George Lucas imagine, avant même de faire Star Wars, cet aventurier en quête de reliques aux pouvoirs surnaturels. Le projet se concrétise sur une plage hawaïenne, où il est en vacances avec Steven Spielberg. Qui rêve de réaliser un James Bond. «J’ai mieux : Les Aventuriers de l’arche perdue!», lui souffle Lucas. Banco! Le premier film est suivi par The Temple of Doom (1984), The Last Crusade (1989) et The Kingdom of the Crystal Skull (2008). Ces quatre premiers opus ont rapporté près de 2 milliards de dollars au box-office mondial.

Nom d’un chien

Même acteur et toujours ce même look : barbe de trois jours, vieux chapeau fedora, blouson de cuir usé, sac de toile en bandoulière et fouet à la ceinture. Lucas et Spielberg s’inspirent de personnages réels ou imaginaires pour donner naissance à leur «Indy». Il y a l’archéologue Hiram Bingham, découvreur du Machu Picchu. Mais aussi l’univers d’Hergé, les westerns de Clint Eastwood ou encore le film français L’Homme de Rio. Prénommé Henry, l’aventurier a pour surnom Indiana. Rien à voir avec l’État américain. C’est le prénom de… la chienne de Lucas! Déjà pour Star Wars, c’est elle qui lui a donné l’idée du personnage Chewbacca.

Coucou Star Wars!

Dans Indiana Jones, les clins d’œil à la saga intergalactique ne manquent pas. Par exemple, les droïdes R2D2 et C3PO se cachent dans les hiéroglyphes du Puits des âmes. Et l’hydravion est immatriculé OB-CPO, référence à Obi Wan et C3PO. Les fans se sont aussi amusés à repérer bugs et autres anachronismes. L’action se déroule en 1936, mais on voit Indiana utiliser un Bazooka, arme inventée… cinq ans plus tard! Idem pour la carte avec la Thaïlande alors que le pays est encore le Siam.

Ni Magnum, ni Sharon Stone 

Pour interpréter Indiana, Spielberg veut Harrison Ford, mais Lucas n’est pas chaud. Il craint la confusion avec Han Solo. Ils approchent alors Nick Nolte, Jeff Bridges, Bill Murray, avant de choisir Tom Selleck, encore peu connu. Qui doit refuser le rôle, car il s’est engagé pour la série Magnum. Spielberg convainc alors Lucas qu’Harrison est leur homme. Pour jouer Willie, un millier d’actrices sont auditionnées, dont Sharon Stone. C’est Kate Capshaw qui décroche le rôle. Elle n’aura pas une grande carrière au cinéma mais devient en 1991 Mme Spielberg.

Le fabuleux destin de Demi-Lune

L’illustration du rêve américain. Réfugié aux États-Unis avec ses parents vietnamiens, Ke Huy Quan décroche à 12 ans le rôle de Demi-Lune, jeune acolyte d’Indiana. Puis confirme dans The Goonies, autre succès commercial. C’est ensuite la traversée du désert avant un retour au cinéma en 2018 et la consécration dans Everything Everywhere All at Once (2022), qui lui vaut l’Oscar du meilleur second rôle.

Ophiophobes s’abstenir

Le point faible du héros, c’est l’ophiophobie : la peur des serpents! Il faut dire que, tout jeune, Indiana est tombé dans une fosse remplie de ces reptiles. Pour cette scène restée célèbre, Spielberg ne mégote pas sur la quantité et dévalise les animaleries. Six mille cinq cents serpents au total. Mais il en manque encore et le réalisateur doit ajouter des bouts de tuyau d’arrosage. Le plus dangereux, le cobra, est filmé dans une cage de verre. À la fin du tournage, on se rend compte que certains serpents se sont fait la belle.