Après avoir nié pendant des mois, le célébrissime chanteur d’opéra espagnol Placido Domingo a fini par demander pardon, mardi, à la vingtaine de femmes l’ayant accusé de harcèlement sexuel aux États-Unis.
« Je veux qu’elles sachent que je suis sincèrement désolé pour la souffrance que je leur ai causée. J’accepte toute la responsabilité de mes actes », a indiqué le chanteur de 79 ans dans un communiqué publié par son agent à Los Angeles, ville dont il a quitté en octobre la direction de l’opéra qu’il occupait depuis 2003 à la suite de ces accusations.
Ce virage à 180 degrés est intervenu quelques heures à peine avant que le syndicat américain représentant les chanteurs d’opéra ne publie les résultats de l’enquête qu’il avait lancée en septembre sur les accusations visant Placido Domingo, concluant qu’il avait eu « un comportement inapproprié ». Il intervient par ailleurs au lendemain de la décision d’un jury de Manhattan de déclarer le producteur de cinéma Harvey Weinstein coupable d’agression sexuelle et de viol.
Les victimes ont eu peur des représailles
« L’enquête conclut que M. Domingo a eu un comportement inapproprié allant du flirt aux avances sexuelles au sein et à l’extérieur de son lieu de travail », a annoncé l’American Guild of Musical Artists (AGMA) dans un communiqué, en soulignant que les victimes n’avaient pas parlé plus tôt par « peur de représailles » professionnelles. Ce syndicat indique que son conseil d’administration a accepté les conclusions de cette investigation « et prendra les mesures appropriées ».
Dans une enquête publiée en août par l’agence Associated Press, neuf femmes ont affirmé avoir été harcelées par le chanteur à partir de la fin des années 1980. Elles avaient évoqué pour l’une d’entre elles une main sous la robe, pour d’autres des baisers imposés ou des gestes déplacés, tels une main sur le genou lors d’un déjeuner. Plusieurs de ces femmes avaient indiqué que leur carrière avait pris un coup après qu’elles eurent rejeté ses avances. Associated Press avait publié ensuite en septembre une seconde enquête affirmant que onze autres femmes, se disant elles aussi victimes, s’étaient manifestées.
Ces allégations s’étaient alors ajoutées aux accusations de harcèlement ou d’agression sexuelle émises contre de nombreuses stars du monde du spectacle depuis le début du mouvement #MeToo, né dans la foulée des accusations contre Harvey Weinstein en octobre 2017.
Une carrière finie aux États-Unis, pas en Europe
Dans son communiqué, Placido Domingo assure mardi « avoir pris le temps ces derniers mois de réfléchir aux accusations » et indique « comprendre maintenant que certaines femmes aient pu avoir peur de s’exprimer honnêtement en raison de la crainte d’un impact sur leur carrière », tout en affirmant que « cela n’avait jamais été son intention ».
Après ces accusations de harcèlement sexuel, le chanteur a renoncé à se produire au Metropolitan Opera de New York tandis que d’autres opéras américains ont annulé ses représentations, marquant ainsi la fin de sa carrière aux États-Unis. Il a en revanche continué à se produire en Europe où il a de nombreuses représentations prévues ces prochains mois à Hambourg, Moscou, Madrid, Vienne, Vérone, Londres….
Avant de demander pardon, Placido Domingo avait nié fermement pendant des mois. « Les allégations de ces individus anonymes qui remontent parfois à 30 ans sont profondément troublantes et, telles que présentées, inexactes », avait-il réagi en août. « Je croyais que toutes mes interactions et relations étaient toujours bienvenues et consenties », avait-il encore dit. Dans un entretien accordé en novembre à un média espagnol, il avait en outre assuré n’avoir « jamais exercé de représailles, raccourci ou brisé la carrière de qui que soit. Je n’ai jamais promis un rôle en échange de faveurs ».
AFP/LQ