Ils sont trois, viennent de Londres et s’appellent Happyness, avec un y parce «qu’avec le i, le nom était déjà pris»… Adepte du rock lo-fi et de l’humour débraillé, le jeune groupe est du festival Out of the Crowd, samedi à la KuFa. Entretien.
Pour tous les amateurs de lo-fi, de chemises à carreaux et d’attitude décontractée, voilà un trio réjouissant. Moins d’un an après sa formation et quelques mois seulement après un premier EP qui porte son nom, Happyness a placé la barre très haut avec Weird Little Birthday, sorti l’année dernière. Le groupe londonien dépoussière l’indie rock américain tendance «crado». C’est cool comme un bon Pavement ou Sparklehorse. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si leurs ombres flottent en permanence sur ce premier album. Leur programmation au festival Out of the Crowd valait bien une discussion avec le guitariste-chanteur. À la fraîche, forcément…
En référence à votre nom, qu’est-ce qui vous rend heureux ?
Jonny Allan : Randy Newman !
Qui ça ?
C’est le mec qui a fait la chanson I Love L.A. J’adore !
L’année dernière, vous avez sorti votre premier album, le très réussi Weird Little Birthday. Restons alors dans la thématique : ça vous rend heureux ?
(Il rigole) Bien sûr, surtout que l’on a passé pas mal de temps sur ce disque, sans avertir la moindre personne… Dans tout ce que nous entreprenons, nous sommes toujours inquiets qu’un truc terrible arrive qui nous empêcherait d’en arriver à bout. Du coup, on est rassurés… et plutôt contents que l’album plaise.
Comment pourriez-vous le définir ?
Un miracle de Noël !
Que pensez-vous des critiques, très enthousiastes, qui ont accompagné la sortie de l’album ?
Forcément, que des gens, professionnels ou anonymes, apprécient ce que l’on fait, c’est toujours cool ! Après, il faut savoir saisir les félicitations quand elles arrivent et ne pas s’y accrocher. L’avenir reste toujours en pointillé. Il y aura sûrement des changements. Autant, alors, ne pas se satisfaire de quoi que ce soit…
Certaines personnes comparent Happyness à Sparklehorse, Deerhunter et même Pavement. Qu’en pensez-vous ?
Sparklehorse est une influence majeure pour nous. Ce groupe nous a clairement guidés pour faire ce disque et lui donner sa couleur, ses sonorités… Après, Pavement est un groupe génial, cité d’ailleurs par de nombreuses formations du même calibre que nous. Personnellement, on n’a jamais pensé à eux durant la création de Weird Little Birthday. À la limite, on pourra trouver des similitudes avec la période Terror Twilight, mais c’est tout ! Par contre, Wilco ou Yo La Tengo, ça nous parle nettement plus.
Happyness pourrait-il être un groupe des années 90 ?
(Il rigole) C’est marrant comme question. Intéressant en tout cas, même si je suis bien incapable d’y répondre…
Votre premier album est auto-produit. Était-ce un geste important, pour vous ?
Oui, très important. À nos yeux, c’est nécessaire d’être au début et à la fin d’un processus de production. J’ai toujours trouvé ça bizarre qu’un groupe se donne les moyens, l’énergie et le temps de composer des chansons, qu’il laisse finalement entre les mains de quelqu’un, en studio, qui vous voit sûrement pour la première fois… C’est étrange, non ? D’accord, certains ont besoin d’être conseillés, encadrés, ce qui n’est pas notre cas. On sait ce qu’on veut, alors merci !
Vous êtes actuellement en tournée. Comment ça se passe ?
Je me rappelle surtout la première fois où on est sortis du studio pour la scène. On a été enfermés trop longtemps, alors oui, c’était très drôle… Là, en tournée, on est assez libres, alors on se laisse aller. Du coup, ça se ressent parfois devant le public. Des fois, oui, on est un peu bancals (rire).
Quels sont vos projets d’avenir ?
Peut-être sortir un second album à la fin de cette année, même si ça va être tendu. Disons que notre label aimerait bien, mais nous, on aime quand même prendre notre temps.
Entretien avec Grégory Cimatti