En concert le 4 novembre à la Rockhal, Tryo revient regonflé à bloc avec un sixième album, Vent debout. Guizmo, alias Cyril Célestin, explique sa révolte.
Un nouveau spectacle, des nouvelles chansons à découvrir. Engagées, citoyennes, acides et drôles, insolentes et tendres à la fois. Tryo est de retour avec un nouvel album sorti la semaine dernière. Le sixième seulement depuis les débuts du groupe en 1992.
Le sixième album s’appelle Vent debout. Est-ce vraiment le cas?
Guizmo (guitariste et chanteur du groupe Tryo) : Oui, nous avons envie de nous indigner, de nous lever, de retrouver une citoyenneté qui n’existe plus. Communions tous autour de nos valeurs.
Mais d’où vient cette révolte?
Nous voulons aller contre les vents, même s’ils sont contraires. Notre album est engagé, car les extrêmes arrivent à grands pas. Nous sommes tous déçus de ce quinquennat (NDLR : du président de la République : François Hollande), mais il y a des valeurs. La France est jeune, de toutes les couleurs, elle a des capacités, les gens ont envie de reprendre la parole.
Une chose est certaine, vos chansons ne sont pas lisses!
Être citoyen, c’est participer. Nous votons, nous prenons la parole, nous participons à la vie associative. Nous ne disons pas d’aller voter pour untel ou untel, surtout que nous ne voyons pas grand monde qui nous corresponde. Mais le monde a peur, il est en guerre, il se replie sur lui-même, donc soyons ensemble.
Quand on est artiste, n’est-ce pas dangereux de faire de la politique?
Nous avons de la chance, nous avons un micro, une scène, un public qui nous soutient. Nous l’avons toujours fait, nous faisons partie des chanteurs engagés. Moi, des choses me bouleversent, elles m’ont donné une conscience politique, elles m’ont fait réfléchir. Je le ressens en concert, les gens ont envie de revendiquer. Car une partie de la population n’est pas écoutée. Nous sommes leur porte-voix, nous disons tout haut ce qu’ils disent tout bas.
Une chanson s’intitule 2050-2100. Comment vous le voyez, ce futur?
Quel environnement allons-nous laisser à nos enfants? Demain, nous pouvons tous être des réfugiés politiques. C’est pour ça, allons dans le partage, soyons dans la compréhension de l’autre. Tous les jours, on voit la misère sociale, les attentats, les idées mauvaises. Mais je n’ai pas envie de laisser un pays d’extrême droite à mes enfants.
Votre programme, c’est quoi, alors ?
Le système a échoué. Donc remettons le citoyen, qu’on jette comme un mouchoir, au centre de la société. Nous devons rester optimistes. Une majorité veut un autre monde, mais on ne l’écoute plus aujourd’hui, on en a marre que les politiciens ne parlent qu’aux anciens.
L’année prochaine, on pourra glisser un bulletin « Tryo » dans l’urne (NDLR : à la prochaine élection présidentielle française)?
S’il n’y avait pas de mouvement citoyen, pourquoi pas? Mais restons à notre place de chanteur.
Jonathan Breuer (Le Républicain lorrain)
Tryo en concert à la Rockhal – Esch-Belval. Vendredi 4 novembre, à 20 h 30. Infos et billets sur le site de la Rockhal.