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Grand Corps Malade a fait des merveilles à Neimënster


Le courant est vraiment passé entre l’artiste de la Seine Saint-Denis et le public grand-ducal. (Photos Julien Garroy)

Il a peut-être du mal à monter sur scène, mais une fois installé devant son micro, il fait des merveilles ! Grand Corps Malade était jeudi soir, pour sa première grand-ducale, sur la scène en plein air du parvis de l’abbaye de Neumünster.

La soirée était loin d’afficher complet – un millier de places sur les quelques 3 000 disponibles ont tout de même trouvé preneurs – mais le public assez chaud pour mettre l’ambiance. «On m’avait dit que vous étiez sages, mais en fait, vous foutez un sacré bordel», leur lancera d’ailleurs en fin de concert le plus célèbre des slameurs français. «C’était un grand plaisir de jouer pour vous et avec vous» ajoutera-t-il.

Et il faut dire que le courant est passé entre l’artiste de la Seine Saint-Denis et le public grand-ducal. Pendant 1h45, les deux ne se sont pas perdus une seconde. Des dames en première file constamment les larmes aux yeux à l’écoute des magnifiques textes de ce poète urbain, aux grands gaillards habillés en cuir dans le fond qui buvaient les paroles de Grand Corps Malade, en passant par les nombreuses adolescentes aux qui lâchaient un «oh ! celle-là est trop belle» à chaque début de chanson… le public a été Ensemble ! «Tout seul je vais vite / Ensemble on va loin / L’esprit d’équipe / Comme un besoin», dit à ce sujet Grand Corps Malade dans un des titres de son dernier album, Plan B.

Grand Corps Malade

Le vivre ensemble sans démagogie

C’est d’ailleurs par le morceau phare de son dernier opus, Plan B, que débutera la soirée, vers 21h. Si au départ la voix était un peu écrasée par les sons des musiciens – un comble pour un slameur qui mise avant tout sur la puissance de ses textes – l’équipe technique a vite rattrapé le coup pour le reste de la soirée. Et les spectateurs ont pu profiter pleinement des textes parfois drôles, parfois personnels, parfois émouvants, souvent engagés de Grand Corps Malade. Qu’il s’agisse des relations entre les générations, entre les communautés ou encore entre gens d’ici et les migrants, l’artiste prône le vivre ensemble sans démagogie, sans jamais se mettre dans la position de donneur de leçons.

Grand Corps Malade

Sa fragilité physique est inversement proportionnelle à la force de son propos, de son esprit, de son humanité. C’est beau. C’est touchant. Et la soirée est construite de manière à ce que chaque morceau suive le propos du précédent. La grossesse, puis l’enfance, puis l’adolescence, puis la chambre de célibataire, etc… Et quand le fil rouge n’est évident, voilà que le slameur/chanteur se mue en humoriste spécialiste du stand-up. Il y a pas à dire, une sacrée performance, pleine de musique et de poésie !

Pablo Chimienti