La diva britannique Adele a été la grande gagnante des Grammy Awards dimanche, entrant dans l’histoire des plus prestigieuses récompenses de la musique américaine et clamant son amour pour sa rivale Beyoncé au cours d’une cérémonie aux accents politiques.
Avec cinq Grammys pour lesquels elle était nommée dimanche – soit un palmarès de 15 sur l’ensemble de sa carrière – Adele est la première artiste à avoir remporté les trophées des meilleurs album, enregistrement et chanson de l’année deux fois. David Bowie, décédé il y a un peu plus d’un an, a aussi été l’un des plus primés, récoltant plus de Grammys qu’au cours de son vivant, avec cinq prix à titre posthume pour son disque testament magistral «Blackstar». Adele a eu la victoire modeste et rendu un hommage vibrant à l’autre grande favorite de la soirée, la superstar pop Beyoncé.
En recevant son prix de l’enregistrement de l’année pour «Hello», tube planétaire, Adele s’est adressée à son idole. «Reine Bey, je t’adore. Tu émeus mon âme chaque jour (…) Je veux que tu sois ma maman», a-t-elle lancé à Beyoncé, enceinte de jumeaux. Et la salle d’éclater de rire. Celle qui a qualifié l’album de sa rivale de «monumental» a été encore plus loin en salle de presse, déclarant que «Lemonade» était son album de l’année et demandant à propos de Beyoncé: «que doit-elle donc faire pour gagner le prix du meilleur album de l’année?»
Pour la deuxième année consécutive, la reine de la balade mélancolique a été victime de problèmes techniques. Elle n’a pas hésité à s’interrompre en plein milieu d’une chanson hommage à George Michael, récemment décédé, pour reprendre de plus belle. Une performance émouvante de cette perfectionniste saluée par une salle debout. Son opus «25», collection de tubes évoquant la nostalgie des amours passées, à l’instar d »’Hello» mais aussi de «Send my love (to your new lover)» a été sacré meilleur album de l’année. Une réédition de son triomphe de 2012 avec «21», qui avait connu des records de ventes et une brassée de Grammys.
Ode à la maternité
«Il y a cinq ans lorsque j’étais là, j’étais enceinte et ne le savais pas (…). A travers ma grossesse et en devenant mère j’ai perdu un peu de moi-même. Je me bats toujours avec le fait d’être mère. C’est vraiment dur», a-t-elle aussi avoué.
Dans un registre très personnel, elle a aussi confié, en remerciant son manager: «je t’aime comme j’aimerais mon père, mais je n’aime pas mon père». Plus tôt dans la soirée, Beyoncé avait ébloui le public des Grammys avec une performance en forme d’ode à la maternité où elle a dévoilé pour la première fois devant les caméras son ventre rebondi – elle attend des jumeaux de son mari, le rappeur vedette Jay Z.
Dans une mise en scène spectaculaire, ovationnée, elle est d’abord apparue de profil quasi nue dans une vidéo où elle ne porte qu’un bikini en chaine dorée. Vêtue d’une robe dorée et brodée de strass, les cheveux parés d’une coiffe dorée, elle a ensuite entonné «Love Drought» et «Sandcastles», avec une allure de déesse africaine. Celle qui avait déjà reçu 20 Grammys en a empoché deux de plus dimanche: meilleur vidéo-clip pour «Formation», et meilleur album urbain.
« Résistez ! Résistez ! Résistez ! »
La soirée animée par James Corden a été ponctuée de déclarations politiques, beaucoup d’artistes s’opposant au nouveau président Donald Trump. «C’est précisément le moment pour les artistes de se mettre au travail», a notamment lancé la chanteuse sex-symbole Jennifer Lopez, citant l’écrivaine afro-américaine Toni Morrison mais sans nommer le président américain.
La prestation la plus chargée politiquement est revenue au groupe rap A tribe Called Quest qui a frontalement défié le président américain «agent orange», allusion à la nuance de ses cheveux mais également référence à un défoliant meurtrier utilisé par les Etats-Unis pendant la guerre du Vietnam. «Vous les Noirs, vous devez partir, vous les pauvres, vous devez partir, vous les Mexicains, vous devez partir, vous les musulmans et homosexuels, on déteste vos façons (d’être) alors vous les mauvaises gens vous devez partir», a scandé le chanteur du groupe, critiquant ainsi le décret migratoire du président Trump, en proie à un bras de fer juridique, et le mur qu’il veut construire à la frontière mexicaine.
A Tribe Called Quest a terminé sa prestation par le cri «Résistez! Résistez! Résistez!». C’est Chance The Rapper, chanteur hip-hop de 23 ans de Chicago, qui a été couronné révélation de l’année et meilleur album rap. Rendant hommage à l’icône du jazz et de la soul Al Jarreau, décédé dimanche, le chanteur Gregory Porter, lauréat d’un Grammy, a déclaré que «le jazz est la musique de la liberté et Al en était l’incarnation».
Le Quotidien/AFP
une grande Artiste et relativement discrète