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Golden Globe Race : un tour du monde en solitaire comme dans les années soixante


Le navigateur norvégien Are Wiig utilise un sextant, instrument qui a disparu au profit de l'électronique. (Photo : AFP)

Cinquante ans après un tour du monde en solitaire légendaire, 17 marins de plusieurs nationalités et âgés de 28 à 73 ans, se lancent dimanche des Sables d’Olonne pour une édition « revival », avec cartes papiers, compas et sextant.

Le vainqueur de la Golden Globe Race est attendu d’ici 8 à 10 mois. Ils sont Indien, Français, Américain, Australien ou Russe et ne rêvent que d’une chose: faire le tour de la planète seul comme dans les années 60, sans aucun moyen moderne. Soit 30.000 milles nautiques (plus de 55.000 km) en passant par les 3 caps de références (Bonne Espérance, Leeuwin, Horn) à bord de petits voiliers n’excédant pas les 11 mètres de longueur et construits avant 1988.

Cela devrait leur prendre entre 200 à 300 jours. François Gabart a, lui, fait un tour du monde record (27.860 milles soit 51.600 km) bouclé le 17 décembre 2017 en… 42 jours ! « C’est une occasion unique d’aller encore plus loin dans cette relation avec la mer. C’est un défi d’accomplir ce que peu de marins ont fait avant, c’est une quête d’une dimension cosmique », a souligné Antoine Cousot, un navigateur professionnel, âgé de 47 ans.

Le Français a chargé son bateau de beaucoup d’eau, de conserves mais aussi de matériel pour pêcher. Sans oublier du papier toilette… pour 10 mois ! L’Australien Mark John Sinclair emporte lui un objet bien singulier: une urne contenant les cendres de son oncle.

Ni ordinateur, ni smartphone

Pas d’électronique à bord, de pilote automatique ni de moyens de communications moderne. Une radio ondes courtes et des balises de suivi de position, de détresse et un téléphone pour communiquer hebdomadairement avec le PC course. Et seulement quelques appels autorisés avec la famille.

Inutiles de chercher sur les réseaux sociaux, ils ne feront aucun post. Ils n’ont ni ordinateur ni téléphone androïd. Mais chaque bateau a une bibliothèque de livres avec des pages en papier, des radio-cassettes et une caméra Super 8.

« J’aime cette part céleste de la navigation, c’est sympa », a expliqué la plus jeune navigatrice de la flotte et seule femme, la Britannique Susie Goodall (28 ans). « Le problème c’est la musique, j’adore écouter la musique moderne et j’aime aussi les livres audio. Je vais essayer de mettre un peu de la musique que j’aime sur des cassettes. Mais c’est clair qu’à mon retour, je serai une experte dans la musique des années 60! » Cette monitrice de voile sur l’île de Wight ne s’est jamais retrouvée seule pendant 9 mois, contrairement au vétéran des concurrents, le Français Jean-Luc van den Heede, qui compte 5 tours du monde en solo à son actif à 73 ans. C’est d’ailleurs dans son port d’attache que sera donné le départ de la course dimanche à 12h05, par un coup de canon tiré par Sir Robin Knox-Johnston depuis son bateau, le Suhaili, à bord duquel il avait remporté la première course légendaire autour du monde.

Drames et coups de théâtre

Le 12 avril 1969, le Britannique bouclait le périple en 313 jours pour devenir le premier homme à avoir navigué seul autour du globe sans escale. Cette course, à laquelle 9 marins avaient pris part, a été une véritable épopée marquée par des drames et un coup de théâtre. Le Français Bernard Moitessier (Joshua), en position de vainqueur, a renoncé à passer la ligne d’arrivée pour poursuivre sa route jusqu’à Tahiti parce qu’il se sentait « plus heureux en mer ». Le sud-Africain Nigel Tetley, dont le trimaran a sombré à quelque 2000 km de la ligne d’arrivée, s’est pendu en 1972.

Le Britannique Donald Crowhurst, qui a fait croire qu’il réalisait le tour du monde alors qu’il n’avait jamais bougé de l’Atlantique, s’est suicidé en juillet 1969. Son histoire est racontée dans le film The Mercy (Le jour de mon retour), interprété par Colin Firth et sorti en début d’année.

Sur les 9 participants, seul Sir Robin Knox-Johnston, aujourd’hui âgé de 79 ans, est revenu à bon port. Cette course a inspiré Philippe Jeantot, qui en 1989 créait le Vendée Globe, qui part tous les 4 ans des Sables d’Olonne.

Le Quotidien/AFP