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Go by Brooks à la KuFa : le ruisseau devenu océan

Go by Brooks revient sur le devant de la scène pop-rock luxembourgeoise avec un deuxième EP, « Oceans ». Le groupe le présentera samedi en live à la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette.

La libellule de Go by Brooks reprend son envol avec un deuxième EP 7 titres sur huit pistes – une chanson est proposée en version électrique, puis acoustique – intitulé Oceans. Une belle galette où le groupe marie le style singer-songwriter de Laetitia Koener, à un bon rock bien rythmé et aux jolis riffs de guitare. Tiré à 750 exemplaires dans sa version CD, Oceans est également disponible en vinyle (100 exemplaires) pour les amateurs de disques à microsillons. La chanteuse, auteur, fondatrice et leader de Go by Brooks, Laetitia Koener, nous présente ce nouvel opus.

Après Rivers, voici Oceans. Il n’aurait pas fallu prévoir un « Seas », entre les deux, non ?

Laetitia Koener : (elle rit) En fait, tout vient de Leonard Cohen, dont un des poèmes parle de « Go by Brooks », ensuite « Go by Rivers » et puis « Go by Oceans ». On reste dans cette même idée de départ, avec cette référence à Leonard Cohen, un poète que j’adore. Et puis, cette image avec le ruisseau devenu une rivière et maintenant un océan représente assez bien l’évolution qu’a connue le groupe depuis quelques années. On est devenus plus grands : le projet solo est devenu un trio, puis un quatuor et désormais un quintette, et puis, on est aussi devenus plus matures. Après, c’est sûr, pour la suite, il va falloir qu’on trouve autre chose.

Rivers proposait cinq chansons pop-rock, contrastées, avec des moments très calmes, d’autres pleins d’énergie, et des textes bien ficelés, qui ont du sens, où l’on parle d’amour, mais aussi de politique, de drogue, des mauvaises expériences. Qu’en est-il désormais dans Oceans ?

En fait, sur le premier EP, je parlais surtout de moi-même, de ce que j’avais vécu, de ce que j’avais vu, de ce que je pensais, etc. Dans ce nouveau CD, les textes que je chante sont plus inspirés des gens qui m’entourent, mes amis, ma famille – sans qu’ils le sachent, bien sûr (elle rit). J’aime les gens dont le caractère m’intrigue. Et il y a aussi des situations qui me parlent. Phoenix, par exemple, notre premier single, parle de la maladie de ma mère, à qui on a diagnostiqué un cancer il y a deux ans, et de la renaissance et du courage face à un tel événement. Artificial Hearts parle des réseaux sociaux et de leur influence sur nous à travers une fille qui en a marre et qui veut retrouver un monde réel et authentique.

Dans Drowning in Wine, je parle d’une femme qui finit par se perdre un peu derrière un mari carriériste, personnages qu’on retrouve d’ailleurs dans Black Suit, mais la chanson regarde cette fois-ci plutôt du côté de cet homme qui à force de vouloir faire carrière perd ceux qui l’entourent. Is This Real ? parle d’un couple qui s’aime beaucoup, qui fait tout pour que ça marche, malgré toutes les difficultés, tandis qu’Alive est une sorte de rêverie sur un endroit paradisiaque où on peut se ressourcer, se retrouver, être simplement soi-même. Et tout ça est entouré en ouverture par Midfulness, un morceau instrumental qui présente bien l’ambiance de tout l’EP, et en clôture par une reprise unplugged d’Is This Real ?. Par rapport à Rivers, l’ensemble est devenu encore plus rock que par le passé, puisque Nicolas (Palumbo) qui n’avait enregistré qu’un solo dans le premier EP, était avec nous cette fois-ci dès le début du processus. C’est même lui, pour être honnête, qui m’a pas mal poussé pour écrire toutes ces chansons, en me proposant des harmonies.

Dans l’EP, on trouve également de nombreux guests…

Oui, c’est pour Artificial Hearts, qu’on a enregistré avec un chœur de treize personnes. J’ai invité plein d’amis (NDLR : Daniel Balthasar, Irina, John Rech de Dream Catcher, Louis Wright de Surf Cowboys…) et ils ont accepté. Ce sont tous des amis et des musiciens que j’admire. Mais ce n’était vraiment pas évident de les réunir tous, d’autant plus que beaucoup ont une famille et qu’on a enregistré un samedi. C’était une très belle expérience et quelque part aussi une reconnaissance du travail du groupe.

Le CD est aussi très beau physiquement.

Oui, après un album à la pochette noire, on en propose un deuxième à la pochette blanche. Il n’y a aucune symbolique particulière, mais on trouvait ça bien. La libellule, qui est notre logo, demeure, et pour le reste, on a travaillé avec une artiste espagnole, Lisa Cuomo, dont le style graphique correspond bien à nos chansons. J’ai aussi voulu ajouter ce haïku d’un poète canadien que j’ai connu un peu par hasard et qui est aussi fan de Leonard Cohen, et que j’aime beaucoup.

Entre les deux EP avec le groupe, on vous a aussi pas mal vue, vous, avec le Grund Club. Que retenez-vous de cette expérience ?

C’est une expérience très intéressante qui m’a permis de grandir artistiquement. Go by Brooks était au départ un projet solo, mais j’avais trop peur d’être seule sur scène. C’est aussi pour ça que c’est finalement devenu un groupe. Le Grund Club m’oblige pourtant à être seule sur scène avec ma guitare, c’est très formateur. Et puis, c’est toujours intéressant de chanter et s’approprier les chansons écrites par quelqu’un d’autre et puis aussi entendre tes chansons reprises par un autre artiste.

La release du premier EP était à T’Scheier, à Aspelt, un très bel endroit, mais pas vraiment un lieu musical, là, ça va se passer à la Kulturfabrik. On est dans une autre dimension aussi…

La release à la T’Scheier s’était super bien passée. Mais c’est vrai, ce n’est pas une salle de concert, ce n’est donc pas pareil, et le son n’aura rien à voir. On a voulu faire ça cette fois à la Kulturfabrik, parce qu’on a joué plusieurs fois en version acoustique au K116, la brasserie de la KuFa, et qu’on aime beaucoup le lieu, avec ce décor industriel. Eh oui, c’est une véritable salle de musique.

Entretien avec Pablo Chimienti

Kulturfabrik – Esch-sur-Alzette. Samedi à partir de 20h.
Tickets : 10 euros en prévente/ 12 euros en caisse du soir (EP inclus).