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« Friends », l’émission spéciale : « Comme si on ne s’était jamais quitté »


Ces "Friends" sont restés nos amis à travers les années. (capture d'écran)

Le temps d’une émission spéciale, les six héros de Friends se retrouvent sur le plateau de la série culte, pour se plonger dans les souvenirs d’une télé aujourd’hui quasiment disparue.

Ils ont la cinquantaine, souvent quelques rides et parfois de l’embonpoint. Les six amis ne sont plus raccord avec l’image fringante de Rachel, Monica, Phoebe, Ross, Joey et Chandler, leurs personnages de Friends (1994-2004). Mais leur public s’en moque, trop content de retrouver, jeudi, ceux qui, de l’aveu de David Schwimmer (Ross), ne se sont réunis tous les six, en avril, que pour la seconde fois en 17 ans depuis la fin de la série.

« Quand on se revoit, c’est comme si on ne s’était jamais quitté », a expliqué Matt LeBlanc (Joey), lors d’une interview au magazine américain People au sujet du programme qui sera mis en ligne jeudi sur HBO Max (à minuit, heure de Los Angeles) et, en France, sur la plateforme Salto (9h).

Tournée en public pour la plateforme HBO Max, qui possède les droits de la série aux États-Unis, cette émission présentée par l’animateur britannique James Corden ne sera pas un 237e épisode, mais « une interview très divertissante », selon David Schwimmer. Au programme, des anecdotes, une lecture de plusieurs scènes fameuses, un quiz inspiré d’un épisode, et une série d’invités de marque, parmi lesquels Justin Bieber, Lady Gaga, David Beckham, et même le groupe sud-coréen BTS.

Selon le magazine Variety, chacun des six acteurs historiques a négocié un cachet de 2,5 millions de dollars pour cette seule émission, à l’occasion de laquelle la production a recréé, dans les studios de Burbank (Californie), le fameux appartement de Monica et Rachel. Le plateau « était exactement le même », a raconté Courteney Cox (Monica). « C’était tellement d’émotions qu’on s’est mis à pleurer » en le découvrant.

En décalage avec la réalité sociale

Près de 27 ans après ses débuts sur la chaîne NBC, Friends demeure l’une des très rares séries du 20e siècle à connaître le succès dans le paysage télévisuel surchargé d’aujourd’hui. « Ce n’est pas surprenant que Friends reste populaire », parce qu’ « elle a toujours été à l’écran », que ce soit avec les rediffusions ou le streaming, observe Alice Leppert, professeure à l’Ursinus College en Pennsylvanie et auteure d’un texte sur la série.

Les sitcoms des années 90 comme Friends, Seinfeld ou Frasier « sont faites pour rassembler au-delà des catégories d’âge et des frontières », relève Nick Marx, professeur spécialisé dans la télévision à l’université Colorado State. Pour lui, c’est aussi la chronologie qui rend cette série « unique », car elle arrive juste avant que la télévision ne se transforme, à la fin des années 1990. Avec la multiplication des canaux de diffusion, la priorité est aujourd’hui aux séries à « petites audiences très fidèles », dit-il. « Il n’y a plus d’incitation à rassembler 20 ou 30 millions de personnes », car l’audience est trop morcelée, à part pour quelques événements type Super Bowl.

Dans le contexte d’une télévision aujourd’hui beaucoup plus ouverte à la diversité et aux questions de société, les six Friends et leur univers passablement aseptisé sont en décalage. Les récentes sitcoms à succès comme Black-ish, One Day at a Time ou Schitt’s Creek ont un regard beaucoup plus aiguisé et réaliste sur le monde d’aujourd’hui.

Série « confort et plaisir »

« Beaucoup de critiques ont souligné l’absurdité du New York qu’habitent les personnages » de Friends, rappelle Alice Leppert, « des appartements luxueux qu’ils n’auraient jamais pu se payer » dans la vraie vie « au milieu archi-blanc dans lequel ils vivent et travaillent ».

Pour Nick Marx, c’est l’exemple d’une certaine télévision américaine, « qui donne du confort et du plaisir », et constitue encore aujourd’hui un refuge pour des millions de téléspectateurs. « Les problèmes sont introduits et réglés de façon satisfaisante en un seul épisode », abonde Alice Leppert, « et avec les années, les gens s’attachent aux personnages et à leur histoire. »

« Friends m’a aidé à rester saine d’esprit dans des moments difficiles, gérer un cancer et d’autres choses », explique Joyce Blackwell, fan anglaise venue voir, à New York, l’immeuble qui est censé abriter les appartements dans la série.

LQ/AFP