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Frida Kahlo à travers l’objectif de son amie Lucienne Bloch


Ce sont principalement des femmes qui viennent visiter l'exposition consacrée à Frida Kahlo, à Paris. (photo AFP)

Un baiser passionné digne de figurer dans un grand film flamboyant : Frida Kahlo est saisie avec le peintre Diego Rivera par l’objectif de son amie Lucienne Bloch, dont les photographies sont exposées pour la première fois dans une galerie du Marais à Paris.

Si tout semble avoir été dit sur la personnalité de l’artiste mexicaine (1907-1954), source d’inspiration des féministes et de fascination dans le milieu de l’art, une petite galerie révèle sous un jour nouveau son séjour aux États-Unis dans les années 1930. L’exposition à la Galerie de l’instant attire des centaines de curieux chaque fin de semaine, alors que les musées sont fermés et la culture au point mort en raison de la pandémie.

La propriétaire, Julia Gragnon, avait découvert par hasard l’an dernier dans un salon de New York l' »Autoportrait au collier », montrant la jeune Frida posant sous son autoportrait. « Je m’offre la photo et je la poste sur Instagram. Et la petite fille de la photographe, Lucienne Allen, me contacte ! Je ne l’ai plus lâchée jusqu’à ce qu’elle me dise ‘O.K. pour une exposition' », raconte-t-elle.

Américaine d’origine suisse, Lucienne Bloch, assistante de Diego Rivera et amie intime de Frida Kahlo, avait saisi des moments ordinaires d’une vie singulière : l’artiste faisant un clin d’œil, mangeant une glace, tenant dans ses bras un bébé. Dans la plupart des photos, le regard est pénétrant, sûr de lui. Selon Julia Gragnon, ces 25 instantanés en noir et blanc constituent la première exposition consacrée à Lucienne Bloch dans le monde.

La photo du couple révolutionnaire s’embrassant avec le visage de Frida illuminé par la lumière venant de la fenêtre est l’un des clichés les plus en vedette. « Une dame dans le quartier est venue pendant huit jours. C’était un coup de cœur. Elle a fini par l’acheter », raconte la galeriste.

Lénine au Centre Rockefeller 

La photographe a aussi immortalisé Frida posant devant le mur à moitié achevé que Diego Rivera avait commencé à peindre au Centre Rockefeller de New York. « Ça a fait un énorme scandale. Imaginez quand (le milliardaire) Rockefeller a vu Lénine, Trotsky and Co ! On peut supposer que ce n’était pas ce qu’il espérait et, en même temps, il a passé commande à Rivera. Peut-être qu’il ne s’attendait pas à ce qu’il soit si communiste », avance Julia Gragnon.

Frida Kahlo avait décidé très tôt de s’émanciper, de voyager, de goûter les plaisirs d’une femme libre. Elle épousera Rivera, rejoindra le Parti communiste, s’intéressera à l’émancipation des femmes dans la société mexicaine.

À la Galerie de l’instant, les femmes forment la majorité des visiteurs : « Elles sont très sensibles à l’histoire de Kahlo », son oeuvre d’artiste engagée, dont la vie a été marquée par les souffrances physiques, un mariage tumultueux et l’impossibilité d’avoir des enfants, raconte la galeriste. De jeunes étudiants affluent aussi : « Ils la connaissent sans la connaître, l’ont vu dans des T-shirts, sur des tasses, mais pour eux c’est une image, ils ne savent pas que c’est une personne qui a existé. »

« Le week-end, c’est du délire, on est obligé de se mettre à la porte pour filtrer. On sent que les gens ont faim de culture » en ces temps de pandémie.

L’exposition est prolongée jusqu’à la fin mars.

AFP/LQ